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Des légumineuses à graines pas toujours économiquement viables

L’étude s’est focalisée sur la rentabilité économique et n’a pas pris en compte les possibles externalités positives de l’insertion de légumineuses : réductions des émissions de gaz à effet de serre, de la consommation des énergie fossiles, de l’utilisation d’intrants et une hausse de la biodiversité.

Pour être rentable dans les Hauts-de-France, l’insertion de cultures légumineuses implique des prix élevés et/ou des rendements relativement hauts.

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Filoleg — pour Filière locale de légumineuses à graines pour l’alimentation humaine — est un projet multipartenarial (1) dont le but est que la Région Hauts-de-France soit productrice et consommatrice de légumineuses à graines en 2030. Dans ce cadre, Agro-Transfert a présenté le 25 février dernier les résultats d’une étude intitulée « Insérer des légumineuses dans les rotations agricoles : quel impact économique en Hauts-de-France ? ».

Menée en 2024, elle s’est concentrée sur l’impact économique de l’insertion du pois d’hiver, de la lentille ou de la féverole de printemps dans les rotations céréalières et betteravières de la région. Pour cela, la rentabilité des légumineuses a été examinée dans divers contextes pédoclimatiques, systèmes de culture et avec différents scénarios de prix.

Féverole de printemps

Agro-Transfert a orienté sa présentation sur l’insertion de la féverole de printemps. Dans un système betteravier en limons profonds de la plaine de la Lys (rotation de référence : betterave, blé, colza, blé, orge d’hiver), trois stratégies d’insertion de la légumineuse ont été étudiées : à la place du colza ; entre le deuxième et un troisième blé ; ou après le deuxième blé et avant un second colza.

Les deux dernières stratégies d’allongement ont ainsi permis de comparer l’intérêt de la féverole avant un blé ou avant un colza. « Au-dessous de 41 q/ha, la rentabilité est difficilement atteignable », a insisté Manon Gipouloux, cheffe de projet sur la structuration de filière en protéines végétales chez Agro-Transfert. L’insertion d’une féverole de printemps nécessitera donc des rendements stabilisés.

Parmi les autres cas de figure étudiés : l’insertion d’un pois d’hiver dans un système céréalier en argiles limoneuses, a priori peu favorable à la légumineuse. La première stratégie repose sur la diversification des cultures avec remplacement de l’orge d’hiver par une orge de printemps et le positionnement du pois avant blé. Dans la seconde, le protéagineux arrive devant un colza.

En contexte moyen de prix du pois (250 €/t), il n’atteint pas des niveaux de rentabilité suffisamment élevés. Il faut un rendement d’au moins 44 q/ha pour que la première stratégie soit plus rentable que le système de référence (colza, blé, orge d’hiver). Et avec un rendement moyen (41 q/ha), il faut que le prix de vente du pois d’hiver atteigne 280 €/t pour que la rentabilité soit permise. « Assurer un prix suffisamment élevé est indispensable pour garantir la rentabilité des systèmes céréaliers avec du pois et ce, malgré la prise en compte des aides couplées et de l’effet précédent », insiste l’étude.

L’étude montre donc qu’il faut pouvoir garantir des prix pour développer ce type de cultures dans les Hauts-de-France. La contractualisation peut alors être pertinente pour sécuriser les agriculteurs sur les prix de vente. Et les organismes stockeurs pourraient alors envisager un engagement sur des volumes suffisants. « Il y a un vrai besoin de réflexion à l’échelle de la filière avec les différents acteurs impliqués (production, collecte, transformation) pour répartir le risque, la valeur ajoutée et travailler collectivement à développer ces cultures, ce qui est un des objectifs de Filoleg », a conclu la cheffe de projet.

(1) Partenaires régionaux : Chambre d’agriculture, Agro-Transfert, Terres Inovia, La Coopération Agricole, Bio en Hauts-de-France, A Pro Bio et Agrianor.

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