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« Le lait bio pourrait manquer dans les prochaines années »

« En termes de déconversions, l'année 2024 pourrait être pire que 2023 », s'inquiète Yves Sauvaget, président de la commission bio du Cniel.

Yves Sauvaget, président de la commission bio du Cniel rapporte que les cessations d’activités bio n’ont jamais été si élevées. Cela devrait « induire un manque de lait bio sur le marché d’ici à quelques années ».

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« Pour la première fois en bio, il y a plus d’arrêts d’activité qu’en conventionnel », s’alarme Yves Sauvaget, président de la commission bio du Cniel (Centre national interprofessionnel de l’économie laitière) et éleveur laitier dans la Manche. À la suite de la commission bio du Cniel du mercredi 25 octobre 2023, le responsable a partagé à La France Agricole ses craintes concernant la filière bio. Un constat est tombé : depuis le début de l’année 2023, il y a plus de 5 % d’arrêt de production laitière bio, conséquence directe de l’inflation. « Ce nombre important de déconversions est inquiétant, juge l’éleveur normand. Le problème est qu’il risque de ne plus y avoir assez de lait bio sur le marché quand la demande reprendra. »

« Egalim devrait faire augmenter les besoins »

À en croire le modèle du marché allemand où la consommation de produits laitiers bio repart à la hausse, la demande pourrait aussi rebondir dans les prochaines années en France. « Si l’on rajoute à cela la loi Egalim qui devrait faire augmenter les besoins en imposant 20 % de produits bio dans la restauration collective, il y aura un problème dans l’équation dans les prochaines années. C’est dramatique », constate Yves Sauvaget.

Conséquence directe des cessations d’activité, dans les régions où la densité d’éleveurs bio est déjà faible, les laiteries pourraient bientôt avoir des coûts de collecte trop importants et arrêter. « Cela ne se produit pas encore, mais depuis plusieurs semaines c’est un sujet qui remonte », rapporte l’élu du Cniel.

« Il faut plus d’aides »

Alors même que la nouvelle Pac vise un objectif de 18 % de surfaces en agriculture biologique d’ici à 2027, la tendance semble aller à contre-courant de cet objectif sur le terrain. Pour Yves Sauvaget, « atteindre 18 % de surfaces bio est totalement utopique, nous perdons de la surface au quotidien car la demande du marché ne peut pas financer cela. D’un autre côté, d’un point de vue environnemental ce n’est pas un projet assez ambitieux. » Pour l’éleveur, le seul moyen de sortir la filière bio de l’impasse serait que « la puissance politique finance plus le bio ».

« Les 60 millions d’euros mis sur la table en mars dernier pour le bio sont loin d’être suffisants, poursuit-il. Nous avons estimé qu’avec le nombre de dossiers qui ont été déposés, il faudrait en fait une enveloppe de 100 millions d’euros pour financer les besoins ».

« Nous sommes par ailleurs persuadés que les critères d’attribution ne sont pas favorables aux éleveurs laitiers », s’insurge Yves Sauvaget.

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