« Le label bio est le deuxième en notoriété après le label rouge auprès des Français expose Romain Le Texier, directeur des études au Centre interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel). Malgré cela, l’inflation continue de bousculer les habitudes, entraînant un recul de la consommation des produits laitiers bio. » Le Cniel affirme que sur deux ans (de juin 2021 à juin 2023) l’inflation a bondi de 21 %.

Les chiffres sont explicites : les Français sont passés de 19,5 kg de produits laitiers bio achetés en moyenne par an en 2020 à 15,9 kg en 2023. Grâce au panel Kantar — un échantillon de 20 000 consommateurs de toutes catégories socioprofessionnelles représentant la population française — il est possible d’analyser les habitudes de consommation.

« Les produits sont trop chers »

Le Cniel a pu ainsi mettre en évidence plusieurs réactions défavorables au bio. « Les consommateurs achètent moins et suppriment des caddies les articles non essentiels. De plus, ils achètent moins cher, pour pouvoir continuer à acheter. Cela nuit donc aux produits bio et AOP et favorise les marques de distributeur », explique Romain Le Texier. Ce détournement du bio concerne toutes les classes sociales, aisées comme modestes.

Les distributeurs ont également réagi pour ajuster au mieux l'offre à la demande. « La disponibilité en produits bio dans les rayons a baissé de 12,5 % sur l'année écoulée, d'après le paneliste Circana », rapporte le Cniel.

Le panel Kantar a mis en évidence les raisons du décrochage des consommateurs. 69 % du panel estime que les produits sont trop chers, 42 % indique devoir faire attention à son budget et 33 % pense qu’il existe des produits de qualité non bio.

Pourtant, « l’attractivité du bio n’a cessé de s’accroître ces cinq dernières années. 72 % des foyers français achètent des produits laitiers bio en juin 2023 et les trois quarts des enquêtés pensent que ce sont des produits bons pour la santé, responsables et composés à base d’ingrédients naturels », détaille le directeur des études du Cniel.