L’IA détruit-elle des emplois ?
Beaucoup d’annonces de licenciement sont associées à l’IA. Mais est-elle un prétexte ou la principale cause ? La sphère scientifique a beaucoup de mal à visualiser la destruction d’emplois dans les statistiques.
En revanche, il y a une diminution tendancielle de recrutement des juniors dans les métiers de service. Une grande partie du problème est liée au fait que leurs taches peuvent plus facilement être robotisées.
Les métiers profondément impactés par l’IA générative, c’est-à-dire celle qui génère un contenu, sont ceux qui ont, comme principale production, la création de contenu : écrire un article, faire de la musique, sous-titrer une vidéo, traduire un roman, etc.
L’IA fait-elle perdre du sens au travail ?
L’IA a effectivement commencé à dégrader le travail avant de le supprimer. Elle a induit une injonction de se réinventer. Elle a modifié les gestes professionnels en remplaçant une tâche par une succession de microtâches autour de la machine. Et cette recomposition induit parfois une perte de sens, une capacité moindre à s’épanouir dans son travail car le travailleur se sent moins utile. Mais ce n’est pas une fatalité.
À titre d’exemple, dans un des ministères français qui a utilisé l’IA pour digitaliser une activité, certains l’ont très bien vécu, d’autres moins. Certains se sont sentis moins utiles, mais d’autres ont pu s’appuyer de l’IA en lui confiant des tâches numériques, volumiques et qui peuvent accepter une marge d’erreur.
L’IA est-elle plus intelligente que l’Homme ?
Il existe un débat sur la limite de la créativité de l’IA. Mais ce débat en cache un autre. Celui de la non-rémunération. Autrement dit, pour générer quelque chose, l’IA a été alimentée par des œuvres humaines qui, elles, n’ont pas été rémunérées.
Exemple avec Picasso. Il disait « les grands artistes copient, les génies volent ». L’IA n’invente rien, elle amalgame des choses nées de l’Homme.
Faut-il craindre l’IA ?
Il y a un discours très darwinien, très anxiogène : l’IA nous tombe dessus, il faut s’adapter. Je suis dans un paradigme très différent : oui il faut s’adapter, mais on peut adapter l’IA à nos projets. Ce n’est pas parce que l’IA peut faire quelque chose qu’on va accepter qu’elle le fasse.
L’agriculture en est l’exemple. Il y a des machines pour vendanger, mais pour un grand vin, on fait appel à des vendangeurs manuels, car on leur demande de sélectionner le bon raisin. Le référentiel va bouger. Pour faire un beau ou un bon produit, il faudra des humains. Et on va le revendiquer. Après le made in France, il y aura le made by humans.
* fait par des humains