La bonne dose, au bon endroit… On connaît le refrain. Mais techniquement, le désherbage chimique se réalise encore en nappe, sur toute la largeur de la rampe. Encore très loin d’être adoptée dans les exploitations, la pulvérisation ciblée offre la perspective de réduire fortement les achats d’herbicides grâce à l’application d’une dose uniquement sur les adventices. Cette technique consiste à équiper la rampe du pulvérisateur de capteurs qui détectent les adventices en temps réel et déclenchent l’ouverture des buses situées au niveau des mauvaises herbes. Cette détection peut se faire sur sol nu (détection de vert sur marron) pour les herbicides non sélectifs ou sur culture (détection de vert sur vert) pour les traitements sélectifs. Plus sophistiquée, cette dernière solution est plus récente. L’IA intervient dans l’identification des adventices et l’apprentissage permanent des calculateurs.
Un apprentissage intensif
Tous les pulvérisateurs Isobus bardés d’électronique et équipés de buses PWM (à impulsion) sont capables de réaliser une application ciblée. C’est donc au niveau de l’identification de la présence voire du type d’adventices que se trouve l’enjeu actuel. L’identification des mauvaises herbes grâce aux caméras hyperspectrales ou aux capteurs haute fréquence nécessite une puissance de calcul élevée. La forme, la texture et la couleur de la plante sont analysées et reconnues par le système pour décider de la traiter ou pas. L’étape fondamentale est celle qui se déroule en une fraction de secondes dans l’ordinateur du système, avec une intelligence artificielle qui identifie l’adventice au milieu des cultures. Un apprentissage est nécessaire pour chaque adventice susceptible d’être présente dans une culture donnée. Par exemple, il faut « gaver » l’intelligence artificielle d’images de liserons dans le maïs ou de vulpin dans le blé pour qu’elle réussisse à les identifier correctement par la suite. La plupart des constructeurs de pulvérisateurs proposent désormais une solution de traitement ciblé mais le marché est pour le moment quasiment nul. Compte tenu du surcoût engendré par cette technologie, les agriculteurs attendent le retour de confrères pour investir.
Binage sur le rang
Cette idée de l’identification des adventices commence à être développée sur des bineuses, pour la destruction des adventices présentes sur le rang. En plus du guidage de l’interface, les caméras alimentent un algorithme basé sur du deep learning. La bineuse est ainsi capable de distinguer de manière autonome les plantes cultivées des mauvaises herbes. Des lames en forme de croissant sont activées sur le rang dès qu’une mauvaise herbe est détectée entre deux plants de la culture, afin de la détruire mécaniquement. En parallèle, la machine réalise un binage classique dans l’inter-rang.
