La pesée des bovins, indispensable à la conduite du troupeau, reste une tâche pénible pour l’éleveur et stressante pour les animaux. Grâce à l’intelligence artificielle (IA), de nouvelles solutions émergent : des caméras placées à des points stratégiques analysent automatiquement la morphologie des bêtes pour estimer leur poids et leur état corporel. Cette technologie réduit l’astreinte de la contention, améliore le bien-être animal et offre un suivi plus simple et plus précis du troupeau.
Une caméra 3D à la place de la balance
L’allemand Hölscher + Leuschner est le pionnier dans le domaine avec son dispositif OptiCow. Lancée en 2012, cette solution identifie les vaches laitières lorsqu’elles passent sous un portique placé entre la stabulation et l’aire d’attente de la salle de traite grâce à leur puce RFID. Une caméra 3D estime ensuite le poids de chaque vache à partir des images collectées. De plus, un programme élabore un modèle en 3D détaillé de la partie arrière des vaches. Avec cette méthode, l’éleveur peut suivre la progression de la mobilisation de graisse tout au long de la lactation de chaque individu.
De son côté, le consortium Animal3D, construit autour de l’Institut de l’Élevage, a développé Pheno3D. Conçu pour remplacer le pointage des veaux au sevrage, le procédé utilise un scanner 3D pour automatiser la collecte du poids vif et de la morphologie (développement squelettique, développement musculaire et aptitudes fonctionnelles) des jeunes bovins allaitants. Si ces solutions ne sont pas encore installées dans les élevages, plusieurs fermes expérimentales les testent.
Phénotyper les porcs sans effort
En génétique porcine, l’IA s’impose comme un outil clé pour optimiser les performances en automatisant la collecte et l’analyse des phénotypes. Là où les mesures traditionnelles (pesées, comportements maternels, données d’engraissement ou qualité des carcasses) restent ponctuelles, l’IA offre un suivi continu et capable de reconnaître aussi bien les phénotypes de référence que ceux de nouveaux animaux.
À l’Institut du porc (Ifip), plusieurs projets illustrent déjà ce virage technologique. Le projet Pic’Let a cherché à objectiver le degré de maturité des porcelets à partir de photos, de face et de profil. Une donnée intéressante surtout pour les lignées mâles. Le projet Actae, quant à lui, a développé un outil vidéo capable d’analyser le comportement maternel des truies, activité difficile à observer manuellement. D’autres sélectionneurs avancent aussi dans le domaine : Pic pour la qualité des aplombs, Topigs pour la détection de postures et d’activités des porcs en liberté, ou Hendrix pour le comptage des porcelets et le suivi des mises bas. Au-delà du simple traitement d’images ou de sons, l’IA détecte automatiquement positions, comportements et phénotypes d’intérêt, permettant de caractériser la robustesse et les interactions sociales des animaux.