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« De la réactivité au semis pour un colza robuste »

Dans les deux jours qui suivent la moisson des orges qui précèdent le colza, du digestat est épandu, les chaumes sont labourées, avant un passage de herse rotative et de rouleau.

Sur la ferme de Grignon dans les Yvelines, les sols sont préparés pour le semis du colza dès le précédent orge moissonné.

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« Nous avons moissonné il y a dix jours, et avons déjà préparé les terres pour les prochains semis de colza », explique à la mi-juillet Tanguy Carissan, directeur adjoint de la ferme de Grignon, à Thiverval-Grignon dans les Yvelines. Les colzas y sont quasi exclusivement implantés derrière de l’orge d’hiver, sur quelque 25 ha chaque année. Tanguy Carissan applique le principe du « colza robuste » visant à favoriser une levée rapide pour mieux résister aux ravageurs (lire l’encadré).

Ainsi dans les deux jours qui suivent la moisson et l’exportation des pailles, du digestat liquide issu de l’unité de méthanisation de l’exploitation est épandu à raison de 35 m3/ha. « On compte environ 4 unités d’azote par m3, dont deux sous forme ammoniacale rapidement assimilables par la plante qui font office d’engrais starter », précise Tanguy Carissan. Le digestat est immédiatement enfoui avec un labour, suivi d’un passage de herse rotative puis du rouleau pour refermer et garder la fraîcheur du sol. La terre n’est retravaillée qu’au moment du semis, réalisé avec un semoir combiné à une herse rotative.

35 m3/ha de digestat liquide sont apportés pendant la préparation du semis du colza. (© Raphaëlle Borget / GFA)

Pic de travail

« Cela nous permet de travailler le sol tant qu’il est encore frais, et d’être réactifs en août pour semer à l’annonce de pluies, avec un objectif fixé avant le 20 août », explique-t-il. Cette organisation augmente la charge de travail au moment des récoltes. « Mais nous avons généralement quelques créneaux entre l’orge, le colza et le blé », nuance-t-il. Seul l’épandage du digestat est effectué par une ETA. « Nous n’avons pas une tonne suffisamment grande et, de toute façon, pas assez de main-d’œuvre pour s’en occuper à cette période déjà chargée. Il faut donc bien anticiper les dates pour s’adapter à ses disponibilités », poursuit-il.

Si l’été se montre finalement pluvieux, « il peut arriver que nous ajoutions un passage de vibroculteur avant le semis pour détruire des repousses qui auraient pris trop d’importance, reprend le directeur adjoint. Il peut aussi arriver, plus rarement, qu’on ne travaille le sol qu’avant le semis si les pluies sont trop fréquentes comme en 2024. Mais ce sont plutôt les étés secs qui dominent chez nous ».

Le colza est implanté dans des sols plutôt superficiels en tête de rotation (colza blé orge), sur une partie de l’exploitation assez hétérogène, présente Tanguy Carissan. « Dans les sols argileux, nous semons 55 graines/m² et dans les sols limoneux à 40 graines/m², dans les deux cas au semoir à céréales ».

Dans cette zone, en bordure de forêt, la pression des ravageurs et notamment des insectes, est très forte. « Avec cette implantation précoce, on se passe d’un premier insecticide en fin d’été pour lutter contre la grosse altise. On arrive aussi à limiter le risque limaces, même si un passage d’antilimace est souvent nécessaire », liste-t-il. Une à deux cuvettes par parcelle sont rapidement mises en place pour évaluer la présence des ravageurs de l’automne jusqu’au printemps. À cela s’ajoute, généralement deux fois dans l’hiver, un test Berlèse pour évaluer le niveau d’infestation de larves de grosse altise, et le suivi des BSV (bulletin de santé du végétal).

Entre deux et trois passages

« Nous passons globalement entre deux et trois fois, à l’automne, à l’hiver et au printemps », résume Tanguy Carissan. Au printemps, il est fréquent que le passage soit assez précoce dans l’infestation pour ne traiter que les bordures. Sont principalement utilisées des solutions à base de lambda-cyhalothrine, qui restent à date relativement efficaces, estime-t-il.

L’exploitation cherche à limiter un maximum son usage de produits phytosanitaires dans le cadre de sa certification HVE 3, qu’elle valorise notamment à travers les produits laitiers transformés à la ferme et le blé. Elle la conduit parfois à faire une impasse ou à diminuer les doses de ses traitements insecticides et fongicides, notamment. En moyenne, selon les parcelles, les rendements atteignent les 30-35 q/ha.

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