Céréales à paille : adapter le désherbage aux conditions pluvieuses
Selon les situations, la palette de solutions disponibles pour désherber les céréales à paille peut être fortement restreinte.
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Avec la météo particulièrement pluvieuse de l’automne, les ingénieurs d’Arvalis recommandent d’intervenir en priorité sur les céréales non désherbées avant d’en semer davantage : avec un passage dès le ressuyage, si la fenêtre climatique est suffisante, les céréales en bon état végétatif et dans le respect des conditions d’application. Attention notamment en cas de chute de températures, rappellent Céline Drillaud basée dans le Poitou-Charentes et Quentin Girard en Normandie.
Vous avez semé sans désherber
Sur les parcelles semées avant les pluies, le stade des trois feuilles devrait être atteint, voire dépassé. Cela réduit la palette de solutions disponibles puisque l’application d’un certain nombre de spécialités, racinaires notamment, est interdite après ce stade. C’est par exemple de cas du prosulfocarbe depuis le 1er novembre avec l’entrée en vigueur de nouvelles conditions d’usage.
Attention, l’efficacité des solutions restantes est elle aussi impactée dans ces situations, comme l’ont prouvé plusieurs essais réalisés par l’institut. Ainsi, une parcelle non désherbée et fortement infestée, de graminées notamment, laissera les producteurs sans solution. « Je n’ai pas encore eu d’échos du terrain, mais il faudra probablement les retourner », ajoute Quentin Girard.
Selon les conditions d’implantation, une part significative de graines a pu rester en surface. Au-delà de 10 %, il est préférable d’éviter les herbicides racinaires seuls pour limiter les risques de phytotoxicité (lire l'encadré), selon l’expert. Le report sur un antigraminées foliaire peut être envisagé, éventuellement en mélange avec un produit racinaire.
« Le niveau d’efficacité sera toutefois dépendant du statut de résistance des populations présentes », prévient Ludovic Bonin. C’est notamment le cas pour les produits de la famille des sulfonylurées qui de plus, ne peuvent être réutilisés en sortie d’hiver, rappellent Céline Drillaud et Quentin Girard.
Vous avez semé et effectué un passage en prélevée
Avec une intervention déjà réalisée en prélevée, « la situation est un peu plus confortable, indique Céline Drillaud. Les retours du terrain donnent pour l’instant de bonnes efficacités. Compte tenu des conditions climatiques un peu difficiles, il vaudra certainement mieux faire l’impasse sur un passage en postlevée pour se réserver à la sortie d’hiver, avancée à la fin de janvier ou février si une fenêtre climatique se présente. »
Le désherbage en postlevée est à réserver aux parcelles très infestées, et à adapter à celui déjà effectué en prélevée pour limiter les risques de phytotoxicité. Même si cette dernière a généralement un effet négligeable sur le rendement selon des essais d’Arvalis, les conditions de l’année augmentent le risque.
Vous n’avez pas encore semé
« On sait que le décalage de la date de semis est un levier robuste vis-à-vis de la nuisibilité des adventices », assure Céline Drillaud. Les semis effectués tardivement devraient donc bénéficier d’une pression limitée. « D’autant plus que dans ces situations, le recours accru au labour, autre levier agronomique pour limiter cette pression, est probable », ajoute-t-elle. Dans ces cas, une intervention en sortie d’hiver est suffisante.
Pour des parcelles historiquement infestées par du ray-grass et plus encore si les températures restent douces, une prélevée « simple et légère » pourra être envisagée. Prudence toutefois dans le cas d’un semis trop superficiel : « Si il y a beaucoup de grains en surface, je pense qu’il vaut mieux reporter le désherbage à la sortie de l’hiver », conseille Céline Drillaud.
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