Le prosulfocarbe est une matière active herbicide appliquée essentiellement sur céréales, pomme de terre et, dans une moindre mesure, sur certaines cultures légumières. Utilisé pour lutter contre les graminées notamment, ses caractéristiques physico-chimiques le rendent particulièrement volatil et donc sensible à la dérive de pulvérisation. Depuis 2017, plusieurs réglementations se sont succédé pour prendre en compte ce risque, jusqu’à tout récemment.
Protéger les riverains…
En effet, à compter du 1er novembre 2023, les utilisateurs de produits à base de prosulfocarbe (1) devront respecter une distance de sécurité vis-à-vis des riverains et personnes présentes (DSPPR) de 20 m. Cette distance pourra être réduite à 10 m en cas d’utilisation de buses homologuées permettant de réduire la dérive de 90 % (2). L’usage de buses antidérive (d’au moins 66 %) était déjà une obligation réglementaire depuis 2017 pour tout traitement utilisant du prosulfocarbe.
Cette mesure reste donc en vigueur, y compris dans le cas d’une DSPPR de 20 m. Arvalis-Institut du végétal recommande néanmoins d’utiliser uniquement des buses homologuées à 90 %, avec ou sans distance de sécurité à respecter, pour « limiter au maximum les risques et maximiser les chances de préservation de la substance active dans le futur ». Par ailleurs, les doses maximales ont été réduites, de 40 à 47 % selon les formulations (de 5 à 3l/ha et de 3 à 1,6l/ha), ainsi que les stades limites d’application pour les céréales à paille (BBCH 13, à savoir 3 feuilles).
Et les cultures non-cibles
Les applications d’automne restent interdites avant la récolte des cultures non-cibles (3) si celles-ci se trouvent à moins de 500 m de la parcelle traitée. Entre 500 m et 1 km, il est possible de traiter, si cela ne peut être reporté, mais seulement avant 9 heures le matin ou après 18 heures le soir, dans le respect des conditions optimales d’application (lire l'encadré). Si le report du traitement est techniquement et réglementairement possible, Arvalis alerte sur le fait que l’efficacité du prosulfocarbe, comme de nombreuses substances actives racinaires, est liée à l’état hydrique des sols et au stade des adventices ciblées
Une stratégie sans prosulfocarbe peut être aussi envisagée, avec des efficacités proches sur sols non drainés. « Sur sols drainés, l’interdiction d’utiliser le chlortoluron conduit à préconiser des programmes qui peuvent se révéler moins efficaces, notamment en présence de populations résistantes aux herbicides de sortie d’hiver », alerte néanmoins l’institut.
(1) Defi, Defi Major, Arcade, Roxy 800 EC ainsi que leurs produits génériques, de revente et les permis de commerce parallèle.
(2) Liste disponible sur : info.agriculture.gouv.fr/gedei/site/bo-agri/instruction-2023-282
(3) Pomme, poire, sorgho, quinoa, sarrasin, chia, millet, moha, épinard, mâche, cresson des fontaines, roquette, jeunes pousses, artichaut, bardane, cardon, chicorée, piloselle, radis noir, bourgeon de cassis, échinacée, pissenlit, cataire, vigne rouge (feuilles). Cette liste est susceptible d’évoluer sur décision de l’Anses.