Près de 4 % des travailleurs agricoles sont en situation de handicap
Le vivier de personnes en situation de handicap pourrait bien répondre au manque de main-d’œuvre du secteur agricole, constate l’Agefiph dans son observatoire sur l’emploi de personnes en situation de handicap dans l’agriculture.
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En France, 3,7 % des personnes travaillant dans l’agriculture sont en situation de handicap. Ce constat, dressé par l’Agefiph (Association nationale de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées), est issu de l’observatoire « Agriculture : emploi et handicap » sorti ce mardi 20 février 2024. Une « étude grand public sous forme de photographie de la situation qui a pour objectif de présenter des initiatives et d’identifier des solutions », souligne Véronique Bustreel, directrice de l'innovation, de l'évaluation et de la stratégie à l’Agefiph.
En 2022, ce serait environ 25 000 travailleurs en situation de handicap qui exercent dans le milieu agricole.
Double intérêt
Alors que les travailleurs en situation de handicap peinent parfois à trouver du travail, ce vivier important pourrait être une des réponses au manque de main-d’œuvre criant du secteur. « On pense que ce sont des métiers dans lesquels il n’y a pas de situation de handicap. Or, c’est une réalité. Il faut le montrer et proposer des solutions », avance Véronique Bustreel.
Avec cette étude, la directrice espère faire une communication pédagogique et de « changer le regard des personnes en situation de handicap sur le secteur et inversement ». Cela en vue d’une vision globale : « faire progresser l’emploi des personnes en situation de handicap » et atteindre l’objectif de 6 % de taux d’emploi. Il est actuellement à 2,4 %.
En octobre 2023, 5,1 % des demandeurs d’emploi en situation de handicap ont recherché un emploi dans l’agriculture, signe que le secteur attire. Ce sont majoritairement des hommes (à plus de 80 %) âgés de 50 ans et plus et relativement peu diplômés (80 % ont un niveau inférieur au bac).
« Le vivier important de demandeurs d’emploi en situation de handicap pourrait faire partie de la solution », plaide l’Agefiph, « les personnes en situation de handicap ont totalement leur place dans ce secteur ».
Adaptation technique
Grâce à l’évolution technique de l’agriculture avec l’arrivée des robots agricoles, de plus en plus de postes sont accessibles à des personnes en situation de handicap. La variété des métiers, accessibles à tous niveaux de qualification (éleveur, chef de culture…) permet à chaque personne de trouver un métier adapté à son handicap. Autre avantage du secteur, des entreprises « à taille humaine » qui « accordent une place importante aux valeurs de solidarité et de respect mutuel. » C’est donc un « contexte favorable pour démontrer ses capacités et son envie de travailler », soutient l’Agefiph.
« Avec près de 50 000 accidents de travail par an, l’agriculture est l’un des domaines d’activité où le handicap est le plus prégnant, constate l’Agefiph, Les travailleurs dans l’agriculture sont plus souvent exposés à la manipulation de charges lourdes, ainsi qu’aux positions fatigantes et douloureuses. »
Il faut donc pouvoir trouver des solutions alternatives et des mesures compensatoires, quand lors d’un parcours professionnel, une personne se retrouve porteuse d’un handicap. Dans le cas où le handicap reste une difficulté prégnante, l’Agefiph propose de nombreuses aides pour accompagner les salariés et les employeurs dans l’accès ou le maintien à l’emploi. Parmi celles-ci, l’Agefiph assure des études ergonomiques et des appuis spécifiques pour adapter le poste de travail. Cette adaptation du poste peut être financée par l’Agefiph.
Compensation financière
Dans les cas où le handicap est conséquent, l’association peut compenser financièrement des charges durables supportées par l’entreprise au titre de la reconnaissance de lourdeur du handicap (RLH). À la fin de juin 2023, cette aide concernait principalement des hommes (huit sur dix), principalement non-salarié (aux trois quarts), avec un handicap moteur (un travailleur bénéficiaire sur deux) ou une maladie invalidante (un sur quatre).
À titre d’exemple, Marion, exploitante agricole dans les Côtes-d’Armor, et aveugle d’un œil, avec une visibilité très réduite de l’autre, bénéficie de la RLH. Elle a aussi obtenu le financement de solutions d’éclairage adapté financé par l’Agefiph. Grégory Daude, également bénéficiaire de la RLH, a été victime d’un accident de moto à l’âge de 16 ans. En fauteuil roulant, il est autonome sur l’exploitation, grâce à l’achat d’un quad, d’une dessileuse et de hayons élévateurs sur les trois tracteurs de l’exploitation.
Choix de vie : agriculteurs malgré leur handicap (17/03/2021)
L’Agefiph n’est pas le seul organisme à se mobiliser pour promouvoir l’insertion des personnes en situation de handicap. La MSA a lancé l’association Solidel, dont l’objectif est de favoriser l’inclusion des personnes en situation de handicap en milieu rural tandis que dans l’enseignement, les écoles comme AgroParisTech tentent d’accompagner les étudiants en situation de handicap pendant leur parcours scolaire.
Les acteurs de l’emploi se mobilisent, ravissant Véronique Bustreel, qui espère que « le plus grand nombre de professionnels » s’empareront de cet observatoire pour faciliter l’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap.
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