« Les distributeurs français veulent contourner Egalim »

« Les distributeurs se plaignent des caricatures qui sont faites d’eux et pourtant chaque jour ils les justifient », écrit Jean-François Loiseau, président de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania). Dans un communiqué de presse du 24 septembre 2024, l’Ania « alerte sur le scandale des centrales d’achat internationales qui menacent le principe même des lois Egalim et s’attaquent à la souveraineté alimentaire française. »

L’alliance Aura Retail dans le viseur de l’Ania

Lundi 23 septembre, Intermarché, Auchan et Casino ont annoncé, dans un communiqué de presse, concrétiser leur partenariat de long terme aux achats avec la création de l’alliance Aura Retail. Une alliance composée de cinq structures opérationnelles, dont deux basées hors de France. L’objectif, selon les distributeurs, est de « renforcer le pouvoir de négociation avec ces très grands groupes industriels de dimension internationale » et « permettre aux consommateurs de bénéficier de prix plus avantageux ».

Un objectif balayé par l’Ania. Selon l’association, ces centrales internationales forcent in fine les industriels français « à négocier la majorité de leur chiffre d’affaires hors de France et donc sous le radar de la loi française ». Ils peuvent ainsi « contourner allègrement les lois Egalim ».

Inquiet, le président Jean-François Loiseau appelle à « rectifier le tir rapidement » pour éviter que le problème des centrales d’achat internationales « ne concerne plus uniquement les grandes entreprises mais ne s’étende d’ici peu aux entreprises de taille intermédiaire et aux petites et moyennes entreprises ».

Des craintes partagées

Même son de cloche pour la Fédération nationale de l’industrie laitière (Fnil). Le 24 septembre 2024 au matin, son président-directeur général François-Xavier Huard a jugé « inadmissible que certains contournent la loi Egalim en passant par des centrales d’achat internationales, comme Casino, Auchan et Intermarché ».

En début d’année, lors de la crise agricole, les ministres démissionnaires de l’Agriculture et de l’Économie, Marc Fesneau et Bruno Le Maire, avaient constaté des contournements et des non-respects de la loi Egalim, assurant doubler les contrôles de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.

Dans le même temps, des syndicats étaient également montés au créneau, à l’image de la Confédération paysanne qui avait mené des actions sur plusieurs centrales d’achat.