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La grande distribution et les industriels ont contracté leurs marges

Le 22 juin 2023 à Paris, Philippe Chalmin, président de l'observatoire de la formation des prix et des marges, et Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture.

Selon les chiffres pour 2022 de l’observatoire de la formation des prix et des marges, la part de la matière première agricole dans le prix des produits alimentaires a augmenté alors que celle des marges des industriels et de la grande distribution a diminué.

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En 2022, pour 21 produits alimentaires « de base » (1) étudiés par l’observatoire de la formation des prix et des marges (OFPM), la part de la matière première agricole dans le prix au consommateur augmente et passe de 42 à 46 %. A contrario, la part de la marge brute industrielle passe de 26 à 25 % et celle de la grande distribution de 32 à 29 %.

« On voit bien que dans la répartition du « gâteau » il y a eu un gel des marges à l’aval de la production agricole. L’amortissement a peut-être été un peu plus fort en ce qui concerne la grande distribution que pour l’industrie », analyse Philippe Chalmin, président de l’observatoire, qui a présenté ses résultats pour 2022, le 22 juin 2023 à Paris en présence du ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau.

Seulement +7 % pour le consommateur

Si d’une manière globale, les prix des produits agricoles ont augmenté de plus de 20 %, pour les 34 produits suivis par l’observatoire en 2022, les prix aux consommateurs ont augmenté de 7,3 % selon les chiffres de l’Insee. Ce qui correspond à l’inflation moyenne des produits alimentaires.

« La transmission a été largement amortie au stade du consommateur. L’industrie et la distribution ont contribué à un certain écrasement de ces variations et de ces hausses des prix agricoles, auxquelles il faut rajouter les prix de l’énergie et des emballages », précise Philippe Chalmin.

Les pâtes sont le produit dont les prix ont le plus augmenté avec +26 % en un an. Le prix du panier de fruits, qui avait fortement progressé en 2021 du fait de la diminution de l’offre engendrée par le gel de printemps, est resté stable. Le prix du jambon cuit (+1, 7 %) et de la baguette (+4,5 %) progresse moins que l’inflation.

Nouvelle alerte pour les filières d’élevage

« La situation de certaines productions reste préoccupante », a pointé, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, en ouverture de la présentation, notamment en ce qui concerne les filières du lait bio, des veaux de boucherie et du petit ruminant.

L’observatoire montre que les niveaux de rémunération permise (Smic/UMO) en 2022 ont baissé en bovins viande, lait bio, ovins et lait de chèvre et progressé seulement pour le lait de montagne et de plaine.

Smic/UMO
2021
Smic/UMO
2022
Bovins viandeNaisseurs engraisseurs veaux1,20,8
Naisseurs engraisseurs JB1,51,5
Naisseurs1,10,9
Bovins laitLait de montagne1,31,5
Lait de plaine bio1,81,3
Lait de plaine2,43,2
Ovins viandePastoraux1,61,1
Herbagers montagnes10,5
Herbagers plaines1,41
Fourragers1,40,9
Lait de chèvreOuest et Sud-Ouest2,31,8

Le consommateur gagnant

« Le gagnant sur la décennie, y compris dans cette période de hausse des prix, c’est le consommateur. On observe sur les courbes une extraordinaire stabilité des prix à la consommation. L’agriculteur reste du mauvais côté de la fourchette, et en particulier les éleveurs, même si la situation s’est améliorée en 2022 », a conclu Philippe Chalmin, qui a annoncé passer la main à Sophie Devienne, professeure à AgroParisTech, à la présidence de l’observatoire à partir d’octobre.

Un constat partagé par Chambre d’agriculture France qui, dans un communiqué du 22 juin 2022, estime que « ces bons niveaux de prix ne doivent pas occulter les signaux préoccupants quant à l’avenir de certaines productions, et la difficulté de certaines filières d’élevage » et pointe la décapitalisation du cheptel qui conduit à des baisses de volume en lait ou viande bovine par exemple.

(1) L’observatoire de la formation des prix et des marges étudie les données de 34 produits alimentaires « de base », ou paniers de produits concernant 11 filières. Cela représente environ la moitié de la consommation alimentaire française (hors produit tropicaux et boissons). Pour 21 produits les marges détaillées par acteur de la filière sont calculées.

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