Glyphosate : l’Anses publie un prérapport datant de 2016
L’Anses a publié le 25 mars 2024 un rapport « non finalisé » de 2016 portant sur l’évaluation de la génotoxicité des herbicides à base de glyphosate. Si l’Agence de sécurité sanitaire assure que la règlementation européenne a rejoint les orientations de ces travaux, Générations futures juge que les recommandations ne sont pas suffisamment prises en compte.
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C’est « dans un souci de transparence » que l’Anses a publié un document « non finalisé » portant sur l’évaluation de la génotoxicité associée aux coformulants des produits à base de glyphosate. Il est accompagné d’une note explicative.
Il avait été produit par un groupe d’experts en 2016 mais n’avait pas été publié. L’Anses explique dans sa note que les travaux du groupe d’experts mobilisés « n’avaient pas abouti du fait de travaux initiés en parallèle dans d’autres cadres scientifiques et réglementaires », à l’échelle de l’Union européenne.
Des études supplémentaires
« En l’absence de délibération et de validation par le comité d’experts spécialisé, ces travaux n’ont pas le statut de rapport d’expertise finalisé endossable par l’Anses », appuie l’Agence.
Dans ce document, le groupe d’expertise estimait notamment que « des études supplémentaires sur les formulants et sur les produits sont nécessaires pour statuer sur leur potentiel mutagène et génotoxique ».
Finalement, à l’échelle européenne, l’évaluation systématique de la génotoxicité des produits contenant du glyphosate a été mise en place en 2017. « L’exigence réglementaire a donc rejoint les premières orientations des travaux » du groupe d’experts, commente l’Anses.
Un document demandé de longue date
Dans un article (payant) publié le 27 mars 2024, le journal Le Monde rappelle avoir demandé la publication de ce rapport à l’Agence en octobre 2021, puis auprès de la justice. « L’agence a attendu la veille de l’audience, tenue mardi 26 mars [2024], pour publier les quelque 70 pages de ce “prérapport” vieux de huit ans », peut-on y lire.
Pour Générations futures, la publication de ce « rapport caché » est « une victoire ». François Veillerette, porte-parole de l’ONG, demande que soient prises en compte les principales recommandations de ce rapport, « notamment en matière de test de génotoxicité, afin de revoir de toute urgence la réautorisation qui vient d’être accordée au glyphosate pour 10 ans ». L’ONG estime en effet que la méthodologie retenue à l’échelle européenne pour évaluer les produits n’est pas satisfaisante et ne respecte pas les recommandations évoquées dans le document.
De son côté, l’Anses assure que « les AMM [autorisations de mises sur le marché] délivrées par l’Anses après 2017, actuellement en vigueur, se rapportent uniquement à des produits à base de glyphosate pour lesquels les données de génotoxicité correspondent aux requis européens et ne montrent pas de risque sur ce critère de génotoxicité. »
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