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Le renouvellement du glyphosate suscite de vives réactions

Le ministère de l'Agriculture a précisé qu'en France, l'utilisation du glyphosate sera toujours encadrée, et autorisée seulement là où aucune alternative n'existe.

À peine la Commission européenne s’est-elle prononcée sur son intention de renouveler le glyphosate pour dix ans, que les réactions se multiplient déjà de toute part.

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Faute de majorité qualifiée obtenue en comité d’appel ce jeudi 16 novembre 2023, la Commission européenne est tenue, comme l’exige la réglementation, de statuer elle-même sur le sort du glyphosate avant le 15 décembre 2023. Cette dernière a déjà communiqué son intention de renouveler la matière active, sous conditions.

Abstention de la France

Rapidement interpellé après l’annonce de la Commission, le ministère de l’Agriculture a confirmé que la France s’était abstenue lors du comité d’appel : une position identique donc à celle qu’elle avait tenue lors du premier vote.

« La position française est claire : la France n’est pas contre le principe du renouvellement de la molécule, mais veut réduire rapidement son usage et encadrer l’utilisation de la molécule, pour en limiter les impacts, et le remplacer par d’autres solutions chaque fois que c’est possible », précise le ministère ce jeudi 16 novembre. Ce dernier « regrette » ainsi que la Commission européenne n’a pas retenu ses propositions.

« En France, le glyphosate continuera à être encadré, déclare par ailleurs le gouvernement : son utilisation sera toujours autorisée là où il n’existe pas d’alternative, et le gouvernement, à travers le plan Ecophyto, continuera à rechercher des alternatives et à accompagner les agriculteurs », ajoute-t-il.

Pas de surtransposition

La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) « salue » de son côté la décision de la Commission européenne, « qui a fait le choix du respect de la science », indique-t-elle par communiqué. Elle appelle dorénavant le gouvernement à faire le nécessaire pour éviter les surtranspositions de réglementations françaises et européennes… ce que souligne d’ailleurs son président, Arnaud Rousseau, sur le réseau social X (ex-Twitter) :

La position du syndicat européen Copa-Cogeca est semblable à celle de la FNSEA. Il rappelle aussi que la matière active reste indispensable dans certaines situations, notamment en agriculture de conservation des sols :

La Coordination rurale salue également la position de la Commission, et estime que « c’est la bonne décision à prendre ». Le syndicat « espère qu’après l’absence de vote par le ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire en faveur du renouvellement, qu’aucune mesure de surtransposition ne soit prise. »

Une « erreur monumentale »

Du côté des opposants à la matière active, la Confédération paysanne dénonce une décision et un procédé « scandaleux ».

« Réautoriser le glyphosate est une erreur monumentale, appuie le syndicat. C’est ignorer la réalité qui veut que les paysans et paysannes sont les premières victimes des pesticides. […] C’est faire croire que continuer à utiliser cet herbicide ne pose aucun problème. C’est repousser toujours plus loin les changements dans les exploitations agricoles […] », martèle-t-elle.

Et pour certains opposants de partis politiques européens, cette annonce a aussi un goût amer :

Trahison du gouvernement

Les réactions des associations environnementales sont aussi nombreuses : Greenpeace, Générations futures, Foodwatch, Pesticide Action Network, Ligue pour la protection des oiseaux (LPO)… Toutes dénoncent l’intention de renouvellement de la Commission européenne, ainsi que l’abstention du gouvernement français lors du vote.

« Une fois de plus, la Commission européenne préfère se ranger du côté des lobbys de l’agrochimie plutôt que de suivre les avis scientifiques, dénonce Ariane Malleret, de Greenpeace France. L’abstention de la France à ce vote et son manque de courage ne sont pas acceptables », ajoute-t-elle.

« Cette position [de la France] est une trahison, sans surprise, de la promesse faite par le président de la République en 2017 », déclare de son côté Générations futures, qui rappelle « les nombreux biais » du dossier d’évaluation de la substance active et « l’accumulation des preuves amenées par la science », à son encontre.

La réaction de la LPO est, quant à elle, résumée en une phrase :

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