« Un manque moyen de 50 000 € en trois ans sur les fermes céréalières »
Les campagnes de 2023, 2024 et 2025 ont, selon l’AGPB, occasionné une perte cumulée moyenne de 50 000 € chez les producteurs de céréales et d’oléprotéagineux. Le syndicat porte plusieurs revendications pour sortir de l’impasse.
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L’Association générale des producteurs de blé (AGPB) a dressé un constat peu réjouissant lors de sa conférence de rentrée ce mardi 16 septembre 2025. Pour la troisième année consécutive, elle prévoit un résultat courant avant impôt (RCAI) par unité de travail annuel non salarié négatif pour les « Scop », c'est-à-dire les agriculteurs spécialisés dans la production de céréales et d’oléoprotéagineux (environ 120 000 exploitants sur 390 000). Leur résultat courant avant impôt atteindrait –18 100 € en 2025, après –31 500 € en 2024 et –600 € en 2023. Soit près de –50 000 € en cumulé sur trois ans.
Les espoirs d’amélioration sont pour l’heure assez minces puisque malgré une bonne production de blé tendre en quantité comme en qualité, les cours ne sont pas au rendez-vous. Avec des prix départ ferme « entre 151 €/t et 153 €/t », l’effet ciseau se maintient depuis environ trois ans, a rappelé l’organisation. Ainsi, l’AGPB soutient-elle l’appel à manifestation de la FNSEA le 26 septembre pour réveiller l’opinion publique et les politiques. Elle a par ailleurs présenté ses demandes pour soutenir les producteurs à différentes échelles et temporalités.
Activer la réserve de crise
Eric Thirouin, président de l’AGPB, a indiqué avoir écrit à la ministre de l’Agriculture ainsi qu’au commissaire européen à l’Agriculture pour demander l’activation de la réserve de crise. « Celle-ci a été créée pour faire face aux aléas du marché, a-t-il expliqué. Et c’est bien d’un problème de prix qu’il s’agit cette année. »
Le syndicat revendique pour les semaines qui viennent, un soutien spécifique pour les zones intermédiaires au travers des MAEC, une prise en charge des cotisations sociales de MSA, la possibilité de reconduire les PGE (prêts garantis par l’État) contractés l’année dernière. Enfin, l’AGPB demande « une amélioration de l’épargne de précaution dans la loi de finances qui, aujourd’hui, ne peut être débloquée que pour des raisons sanitaires et climatiques, mais pas pour des raisons économiques », a indiqué Eric Thirouin.
Le syndicat soutient depuis l’année dernière la remise à niveau du prix d’intervention qui, « n’ayant pas évolué depuis 2001, se situe à 101 €/t, a-t-il souligné. Si l’Europe l’avait fait évoluer avec l’inflation, il serait aujourd’hui à 170 €/t. » Cet outil permettrait de combler l’écart entre le prix réel et le prix d’intervention. Plus globalement, l’AGPB souhaite que l’Union européenne réinvestisse davantage dans le budget de la Pac pour protéger sa souveraineté alimentaire, et déplore une baisse des aides par hectare pour les Scop de près de 50 % en 20 ans.
Inquiétudes sur la taxation des engrais importés
L’AGPB a aussi fait part de ses inquiétudes concernant le MACF (mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, ou CBAM en anglais) qui vise à taxer les importations émettrices de gaz à effet de serre, dont les engrais. Elle déplore un flou total sur le dispositif qui doit pourtant s’appliquer à partir du 1er janvier 2026. Elle demande de repousser l’échéance pour connaître la manière dont le mécanisme s’appliquera et son ampleur. Elle craint que cette taxe engendre une hausse significative du prix des engrais en Europe.
À plus long terme, le syndicat participe à des réflexions sur les stocks stratégiques au niveau européen. « Cela demande évidemment derrière une réflexion sur la logistique qui doit pouvoir suivre », a ajouté Eric Thirouin.
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