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Le déclin de l’élevage européen devrait se poursuivre

Les gains de productivité en élevage laitier ne combleront plus les baisses d'effectif à long terme.

À orientation politique constante, les services de statistiques de la Commission européenne dessinent, dans un rapport, un futur morose pour la plupart des filières d’élevage de l’Union.

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En statistiques, il faut faire la différence entre projections et prévisions. Le dernier rapport intermédiaire du service statistique de la Commission européenne daté du 24 janvier 2025, qui se penche sur l’état de l’agriculture du continent sur la période 2024-2035 s’inscrit dans la première catégorie. « Il est important de noter que les perspectives ne sont pas des prévisions. Les projections reflètent plutôt les tendances moyennes que les marchés agricoles devraient suivre dans un environnement macroéconomique donné, en supposant que les politiques existantes ne soient pas modifiées. » Le lecteur est prévenu. Il n’empêche que les résultats sont éloquents : les nuages vont continuer de s’accumuler dans le ciel de l’élevage européen.

Une « faible rentabilité »

Baisse de la production porcine, baisse de l’élevage de bovins viande, baisse du cheptel laitier… Les tendances amorcées ces dernières années se poursuivraient. Dans cette perspective morose, l’aviculture tirerait son épingle du jeu et poursuivrait sa progression.

En chiffres, l’Union européenne (UE) pourrait perdre près de 3 millions de têtes de bovins viande (- 9 % environ par rapport au cheptel de 2024) d’ici à 2035. « La faible rentabilité et les perspectives d’un cadre réglementaire plus strict en matière de durabilité devraient entraîner une nouvelle baisse de la production d’ici 2035 » décryptent les auteurs avant de préciser. « Les aides couplées et certains écorégimes prévus par la nouvelle Pac, ainsi que des perspectives de prix relativement favorables, ne feront que ralentir cette tendance à la baisse, sans l’inverser. »

En porc, la baisse des volumes est en partie attribuée à une mauvaise perception sociétale. « Les systèmes de production intensive de viande porcine devraient faire l’objet de nouvelles critiques de la société, contribuant ainsi à une baisse de la production de viande porcine dans l’Union européenne », anticipent-ils. Les auteurs projettent en outre des demandes à l’importation plus faibles dans certains pays, forçant l’Union européenne à diversifier davantage ses destinations.

La volaille s’en sortirait mieux, mais pas partout

Pour ce qui est de la production laitière, qui pourrait voir son cheptel se contracter de près de 2 millions de têtes (- 10 % environ par rapport au cheptel de 2024), les auteurs du rapport pointent un autre élément. « La production laitière de l’Union européenne est sur le point d’atteindre un tournant à moyen terme, où le déclin continu du cheptel de vaches laitières ne sera plus contrebalancé par une croissance des rendements laitiers », préviennent-ils.

La production volaille échapperait à ce repli généralisé grâce à la combinaison de meilleurs prix et d’une meilleure image. Cela ne se traduirait toutefois pas par une croissance homogène dans l’ensemble de l’Union européenne. « En raison de la législation environnementale, l’expansion ne sera possible que dans certaines régions de l’Union européenne », soulignent les rédacteurs.

Un autre écueil menace lui aussi. « À l’avenir, l’incidence de la grippe aviaire devrait s’étendre sur toute l’année au lieu d’être un événement saisonnier. Elle constituera un défi pour le secteur, en particulier pour les systèmes de production en plein air », anticipent-ils.

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