Alors que les épizooties dans les élevages français (fièvre catarrhale ovine, maladie hémorragique épizootique) ont apporté leur lot de difficultés à la production de viande bovine en 2024, qu’en sera-t-il en 2025 ? Le département économie de l’institut de l’élevage (Idele) prévoit une nouvelle baisse des volumes produits.
Ses économistes envisagent un recul de la production pour atteindre une production de 1,290 million de tonnes équivalent carcasse en 2025, soit 1,8 % de moins qu’en 2024. Pourquoi ? Parce que les réformes ont été dynamiques à l’automne dernier, tandis que les vêlages des génisses ont été moins nombreux. De quoi réduire les possibilités de renouvellement des troupeaux.
Concernant les femelles, la dynamique de décapitalisation semble avoir repris sàla fin de l'année 2024, avec notamment une augmentation des abattages à l’automne. Selon l’Idele, le contexte sanitaire explique cette accélération du recul des cheptels. Au 1er décembre 2024, celui de vaches laitières reculait de 2,1 % par rapport à 2023, après avoir déjà décliné de 1,6 % au 1er octobre 2024. Pour autant, les experts envisagent une atténuation de la décapitalisation laitière en 2025 à -1,1 % sur la fin d’année, en raison du contexte laitier « porteur » actuel qui encouragerait les éleveurs à conserver les femelles dans leur cheptel.
La hausse des poids atténue la baisse des abattages
« Les génisses [laitières] disponibles en ferme pour le renouvellement sont moins nombreuses ; les abattages de vaches devraient se limiter à 768 000 têtes, soit 8 % de moins qu’en 2024 », estime l’Idele. En revanche, l’augmentation du poids de carcasse atténuerait la baisse en tonnage, attendue à -7,6 % par rapport à 2024.
Caroline Monniot, agroéconomiste à l’Idele, explique cette augmentation du poids par l’alimentation des femelles laitières : « Les éleveurs semblent avoir moins tiré sur l’alimentation. Les vaches ont eu plus à manger et de meilleure qualité. Ce gain de poids n’est pas spécifiquement lié à une hausse de gabarit contrairement à d’autres catégories d’animaux, notamment allaitants. »
Pour le cheptel allaitant, l’impact des épizooties semble plus fort. La mortalité de vaches est en hausse, et la baisse de fertilité a entraîné une réduction des naissances dès début septembre 2024. L’Idele attend une dynamique de décapitalisation similaire à celle de 2024, à hauteur de -1,8 % du cheptel en fin d’année 2025.
« Nous attendons 656 000 réformes allaitantes, en baisse de 3,6 % par rapport à 2024, détaille le communiqué de l’Institut. Les abattages de génisses devraient pour leur part afficher une hausse de 9 500 têtes (ou + 1,9 %), notamment du fait de la présence renforcée de génisses croisées lait x viande. »
La consommation recule moins que la production
Comme en 2024, la consommation reculerait en 2025, mais moins rapidement que la production. Avec des exportations « relativement dynamiques », il en résulte une « légère hausse » des importations. « Nous prévoyons une baisse limitée de la consommation par bilan en 2025 (-1,0 % /2024), relate l’Idele. […] Toutefois, la consommation de viande française se réduirait plus fortement (-2,5 % par rapport à 2023) compte tenu de la baisse des abattages de femelles, principale viande consommée en France. » Pour compenser ce recul des abattages, les importations sont attendues en hausse de 3 % en 2025.