Impasse phytosanitaire : les producteurs de cerises en sursis
Privés de moyens pour lutter efficacement contre Drosophila suzukii, les producteurs de cerises demandent des solutions d’urgence. Cet été, l’insecte a causé des ravages sans précédent dans les vergers.
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Ce n’est pas faute d’avoir tiré la sonnette d’alarme. Les producteurs provençaux de cerises ont perdu près de 40 % de leur récolte cette année. Habituellement, ils produisent 15 000 tonnes de cerises par an, selon les statistiques de la région Sud. Le Vaucluse concentre l’essentiel des vergers. Mais, la météo pluvieuse et chaude de la fin du printemps, a favorisé les attaques de Drosophila suzukii.
Le diméthoate et le phosmet interdits
Cet insecte venu d’Asie cause des ravages depuis plusieurs années. Face à lui, les producteurs sont démunis. « On nous a supprimé toutes les matières actives efficaces contre cette mouche », indique Jean-Christophe Neyron, président de l’AOP cerise de France et producteur à Malemort-du-Comtat (Vaucluse). Après le diméthoate interdit en 2016, la commission européenne a refusé de renouveler l’homologation du phosmet début 2022.
« Nous avions prévenu les pouvoirs publics des risques encourus, enchaîne Jean-Christophe Neyron. Mais, nous n’avons pas été entendus. Résultat, les dégâts ont atteint des niveaux records cet été. » Désespérés, des arboriculteurs ont déversé début juillet des tonnes de cerises devant la préfecture du Vaucluse.
Disparition des vergers
« Des producteurs ont préféré ne pas ramasser les fruits, car c’est trop coûteux en charge, enchaîne Jean-Christophe Neyron. Il fallait faire beaucoup de tri, le temps de cueillette a été multiplié par deux. » Si les prix de vente ont augmenté à cause de la faible récolte, ils ont tout juste permis de financer la main-d’œuvre. Face aux incertitudes, des vergers ont disparu au cours des dernières années.
« Autour de moi, il y a de moins en moins de producteurs de cerises », constate Jean-Christophe Neyron qui a lui-même divisé ses surfaces par deux en sacrifiant ses parcelles les plus anciennes et les plus isolées. « La cerise va devenir un produit de luxe », déplore de son côté Fabrice Mallet, directeur de la Sica Val de Nesque à Malemort-du-Comtat, l’un des principaux metteurs en marché.
« Autrefois, nous disposions d’un potentiel de commercialisation supérieur à 1 000 tonnes par an, poursuit le directeur de la Sica. Aujourd’hui, il oscille autour de 800 à 900 tonnes et cette année, il est tombé en dessous de 500 tonnes. » Le ministère a promis des indemnisations ainsi qu’un plan d’action de recherche et d’innovation. Les producteurs réclament de leur côté des solutions de court terme.
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