La filière laitière oscille entre espoirs et fortes inquiétudes
Lors des troisièmes assises de la Fédération nationale des producteurs de lait, les intervenants ont fait état de perspectives de consommation encourageantes. Ils ont toutefois pointé les lourdeurs réglementaires européennes, et le manque de visibilité sur les revenus des éleveurs.
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« Peu de filières peuvent se dire qu’elles ont des perspectives si puissantes en termes de production », assure Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, lors des troisièmes assises de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), ce jeudi 7 décembre 2023, à Alençon (Orne). « La production laitière est nécessaire, car la consommation va continuer d’augmenter », appuie-t-il.
« Europe, veux-tu encore de tes éleveurs ? », telle était la thématique de la table-ronde organisée par la FNPL. Alessandra Kirsch, directrice des études au think-tank Agriculture Stratégies, constate qu’ « au contraire de la France, le taux d’approvisionnement en lait progresse en moyenne dans l’Union européenne ». Et la demande reste plutôt bien orientée. « Entre 2010 et 2021, la consommation de fromages a progressé de 3 kg par habitant », chiffre-t-elle.
« Pas de surenchères réglementaires »
Malgré ces signaux encourageants, Jean-Baptiste Moreau, ancien député de la Creuse et ancien éleveur, regrette que les orientations des politiques européennes, telles que le « green deal », « enlèvent des moyens de production. On doit mettre en cohérence les politiques environnementales avec les réalités agricoles. […] De la même manière, si l’on met en place des clauses miroirs que l’on ne met pas les moyens pour effectuer des contrôles, cela s’appelle de l’hypocrisie. »
Pour Ludovic Blin, administrateur de la FNPL, « si l’Europe veut accompagner les éleveurs, il ne faut pas de surenchères réglementaires à longueur de temps. Il faut être compétitifs, et par conséquent de pas nous mettre des boulets à traîner. La surenchère normative européenne fait sourire nos concurrents. »
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« Egalim doit être appliquée »
Pascal Le Brun, président de La Coopération Laitière, abonde. « Le besoin de compétitivité a toujours été une réalité. Mais nous serons également toujours soumis à la volatilité des marchés. » Afin d’améliorer la « prédictibilité » du revenu des éleveurs, Alessandra Krisch loue le système de marge garantie utilisé aux États-Unis (1). « Pour une somme modique, l’éleveur garantit sa marge sur le lait qu’il produit », explique-t-elle.
À l’échelle française, « on a plutôt une rémunération qui s’est améliorée en élevage laitier », estime Marc Fesneau. « 2023 a été une confirmation de la hausse du prix du lait de 2022, ce qui a permis d’améliorer les trésoreries », constate Thierry Roquefeuil, président de la FNPL. Or « malgré cela, on décapitalise », souligne le ministre de l’Agriculture. Pour 2024, Thierry Roquefeuil entend ne « rien lâcher sur le retour de la valeur dans les exploitations. » [...] « Pour que les lois Egalim soient efficaces, elles doivent être appliquées », insiste-t-il.
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(1) Baptisé « DMC » ou Dairy margin program.
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