Commission européenne Un plan pour faire face à la pénurie d'engrais
Pour garantir la disponibilité des engrais à des prix abordables, la Commission européenne prévoit des aides ciblées aux agriculteurs et veut diversifier ses importations. Elle lance aussi un plan d'action pour davantage de transparence sur le marché des engrais.
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La Commission européenne a présenté le 9 novembre 2022 ses orientations visant à parer au risque de pénuries d'engrais et à limiter l’impact de l’envolée des prix dans le contexte de la guerre en Ukraine.
Elle propose notamment des pistes pour "aider les agriculteurs à optimiser leur utilisation des engrais et à réduire leurs dépendances tout en garantissant les rendements". La Commission encourage ainsi les États membres à mobiliser le cadre temporaire de crise des aides d'État pour acheter par exemple des engrais à des prix de marché plus compétitifs et à les proposer à des prix inférieurs aux agriculteurs.
Utilisation de la réserve agricole
Bruxelles va également examiner avec les États membres "l'opportunité d'utiliser la réserve agricole d'un montant de 450 millions d'euros pour l'exercice 2023 pour les agriculteurs touchés par les coûts élevés des intrants".
Les États membres peuvent par ailleurs donner la priorité, dans leur plan d'urgence national, à garantir l'accès continu et ininterrompu au gaz naturel aux producteurs d'engrais en cas de rationnement du gaz.
En revanche, la Commission a repoussé l'idée de lever les droits antidumping imposés à certaines importations d'engrais car cela ne ferait, selon elle, qu'affaiblir un peu plus les fabricants européens.
Observatoire du marché des engrais
Un observatoire du marché des engrais sera lancé en 2023 "afin de partager des données sur la production, l'utilisation, les prix et les flux commerciaux".
Autre annonce : Bruxelles veut s'efforcer de diversifier les fournisseurs de l'Union européenne: "Oman, le Turkménistan et le Qatar ont été identifiés comme des sources d'engrais azoté alternatives" à la Russie et au Bélarus, alors que les importations venant d'Égypte et d'Algérie se sont déjà envolées, selon la communication de la Commission.
Elle encouragera par ailleurs les États membres à soutenir les investissements dans l'hydrogène renouvelable et le biométhane pour la production d'ammoniac.
Utilisation plus efficace de l'azote et du phosphore
Elle adoptera également en 2023 un "plan d'action" pour "favoriser une utilisation plus efficace des nutriments (azote et phosphore), en tenant compte des points de départ des États membres et du plan d'action "zéro pollution". Elle invite ainsi les Vingt-Sept à "examiner de nouvelles priorités et un relèvement du niveau d'ambition de ces interventions lors des futures révisions de leurs plans stratégiques relevant de la Pac".
La communication de la Commission insiste par ailleurs sur "le remplacement, dans la mesure du possible, des engrais minéraux par des engrais organiques,[qui] réduira la dépendance de l'Union à l'égard du gaz ainsi que l'empreinte carbone du secteur."
Plusieurs États réclament aussi l'assouplissement de la réglementation sur les nitrates pour faciliter l'usage d'engrais issus du fumier: "Nous étudions cette possibilité mais c'est une question compliquée", a simplement indiqué le commissaire à l'Agriculture Janusz Wojciechowski.
Déception pour le Copa-Cogeca
Suite à l'annonce de ces mesures, le Copa-Cogeca a dénoncé une communication pour (presque) rien". "La déception est à la hauteur des attentes, dénonce-t-il. Cette communication n'a pas apporté des réponses à court terme aux agriculteurs". Selon lui, Bruxelles "renvoie la balle aux États pour qu'ils agissent via les aides publiques et les plans stratégiques de la Pac, au risque de créer des distorsions importantes" entre les pays.
Le syndicat européen représentant les agriculteurs et leurs coopératives demande la levée des droits de douane pour tous les engrais azotés et phosphatés. Mais il salue certaines solutions de long terme comme par exemple la création en 2023 de l'observatoire pour améliorer la transparence des marchés des engrais.
À rebours de l'agroécologie pour les ONG environnementales
De leur côté, eurodéputés Verts et ONG environnementales dénoncent un plan soutenant l'industrie des engrais de synthèse à rebours de l'agroécologie et des efforts de réduction des intrants : "Notre dépendance aux engrais de synthèse tue les sols agricoles, pollue l'eau et l'air, et sape l'autonomie stratégique de l'Union", s'alarme Célia Nyssens, de l'European Environmental Bureau.
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