Le Royaume-Uni, un « cheval de Troie » pour les importations en Europe
Le CGAAER estime que le Royaume-Uni pourrait devenir une plateforme commerciale permettant l’entrée dans l’Union européenne de produits alimentaires importés des pays tiers.
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Un rapport produit par le CGAAER, le cabinet d’expertise du ministère de l’Agriculture, et publié le 16 novembre 2023, a passé au crible les effets de la sortie du Royaume-Uni du marché unique européen. L’étude met tout d’abord en lumière que la balance commerciale du Royaume-Uni reste déficitaire et que cette situation s’aggrave.
Si les produits proviennent majoritairement de l’Union européenne, des pays comme les États-Unis et le Brésil ont gagné des parts de marché au Royaume-Uni, au détriment des Européens. « L’augmentation des importations, en termes d’origines, est plus le fait de pays tiers que de l’Union européenne qui perd six points », précise le rapport. Les nombreux accords commerciaux signés par la monarchie, comme celui récemment signé avec l’Australie, pourraient encore soutenir cette tendance à l’avenir.
Une plateforme commerciale
À sa sortie de l’Union européenne, le Royaume-Uni voulait se positionner comme une grande « plateforme commerciale » (ou « hub ») et ce souhait commence à prendre forme pour plusieurs produits agricoles. C’est le cas pour la viande ovine : d’un côté, les exportations de la France vers le Royaume-Uni sont plutôt stables, quand nos importations ont fortement progressé. La viande bovine est également concernée avec des entrées en hausse venues des îles britanniques, avec réexportation vers les Pays-Bas ensuite.
D’une manière générale, plusieurs produits venus de pays tiers pourraient entrer en Europe via ce circuit. « Le Royaume-Uni est perçu comme un “cheval de Troie” qui donne une nouvelle configuration aux marchés, sans que la réalité soit à ce jour démontrée », observent toutefois les analystes.
Inquiétudes pour le marché de la volaille
Le Brexit a bouleversé le passage de la frontière des produits alimentaires. Malgré l’accord commercial à travers le « cadre de Windsor », des ajustements réglementaires sont encore à définir du côté britannique et certains produits sont pénalisés par cette situation. Le besoin d’un « certificat sanitaire » pour que les produits ultra-frais français franchissent la Manche pourrait poser un problème. Sont concernés les fromages au lait cru. « Certaines AOC fortement exportatrices comme le Comté et le Roquefort attendent d’être rassurées », notent les rapporteurs.
Inquiétude aussi concernant la viande de volaille fraîche vers le Royaume-Uni qui représente d’après les rédacteurs, 50 à 60 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel pour les entreprises françaises. « Ces volailles sont commercialisées tout au long de l’année, avec un pic au moment des fêtes de fin d’année, qui correspondra cette année aux premiers mois de la mise en œuvre des nouvelles exigences britanniques », alerte le CGAAER.
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