Le bilan de 2022 de l’Institut de l’élevage (Idele) est sans appel. En France, les importations de viande bovine ont bondi de 22 % par rapport à 2021, atteignant les 380 000 tonnes-équivalent carcasse (tec). Comment l’expliquer ?Le secteur de la restauration hors domicile — principal consommateur de viande d’importation en France — a fait un retour en force. Et pour cause, 2022 marque la première année sans restrictions liées à la pandémie de Covid-19. De fait, les importations ont été soutenues toute l’année. Les volumes ont même dépassé les niveaux d’avant la pandémie avec une envolée de 15 % par rapport à 2019. L’Idele précise que les importations de 2022 approchent même les niveaux élevés du début de la décennie 2010.

Offre limitée

Cette flambée des importations est à mettre en perspective avec le manque de disponibilité en viande bovine française. La décapitalisationlaisse des traces. Les abattages de gros bovins sont en baisse de 4,1 % en 2022, par rapport à 2021. « Les tonnages de femelles laitières se sont réduits de 18 000 tec et ceux des jeunes bovins viande de 14 000 tec », affirme l’Idele. La conséquence? Une large majorité des fournisseurs européens ont vu leurs exportations grimper à destination de la France.

- Les tonnages de viande de femelles laitières ont chuté de 18 000 tec et ceux des jeunes bovins allaitant de 14 000 téc.

Certains ont même fourni plus de volumes qu’avant la pandémie de Covid-19. C’est le cas de la Pologne (+17 % par rapport à 2021 et +35 % par rapport à 2019). L’Irlande n’est pas en reste avec des tonnages supérieurs de (+25 % sur un an et +16 % sur deux ans). De fait, l’Idele constate que la part de viande importée dans la consommation française a atteint 26 % en 2022, du jamais vu sur la dernière décennie.

Flux parasites

L’institut met cependant en garde : « Il est important de nuancer la hausse des importations par rapport à 2021, car une partie de la viande importée est uniquement de passage sur le sol français. » L’explication se trouve du côté du Brexit : les Pays-Bas font passer par la France la viande qu’ils importent du Royaume-Uni, pour des raisons de simplifications douanières. « Ces flux parasites font gonfler les volumes importés », estime Caroline Monniot, responsable de la filière du bovin à viande à l’Idele.

- Une large majorité des fournisseurs européens de viande bovine ont vu leurs exportations grimper à destination de la France.

Les importations depuis le Royaume-Uni ont ainsi doublé entre 2021 et 2022, sans que la totalité de cette viande ait été consommée par les Français. Enfin, la France importe également 94 400 tec de viande néerlandaise. D’après l’Idele, une partie de ce volume est transformée en steaks hachés avant d’être réexpédié aux Pays-Bas pour le compte de la filiale néerlandaise d’une grande enseigne de fast-food. « Cela complexifie l’estimation des importations françaises réelles », concède Caroline Monniot.