Les agriculteurs européens utilisent moins de phytos et d’antibiotiques
La réduction de l’utilisation des produits phyto est en bonne voie selon l’Agence européenne de l’Environnement, tout comme la réduction des antibiotiques en élevage. Le lessivage des nutriments et les émissions d’ammoniac restent en revanche un défi majeur pour l’agriculture afin d’atteindre les objectifs communautaires fixés.
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Dans un rapport dévoilé le 3 mars 2025, l’Agence européenne de l’Environnement constate que l’Union européenne avance vers son objectif « zéro pollution » pour 2050. Mais que des mesures supplémentaires doivent être prises pour accélérer la réduction de la pollution au regard des « niveaux élevés de consommation de l’Union européenne » et de la « menace importante » que cette pollution constitue pour les écosystèmes, l’économie et la santé publique.
Ce rapport fait le point sur le plan d’actions « zéro pollution » pour 2050 de l’Union européenne, notamment sur les objectifs intermédiaires à échéance 2030. Il s’agit de la deuxième évaluation du plan qui met en avant « les domaines dans lesquels l’Union européenne a réalisé des progrès significatifs, ainsi que dans ceux qui nécessitent davantage de progrès ». Des indicateurs agricoles y sont évalués, au même titre que la pollution atmosphérique, le bruit des transports, les microplastiques, ou les déchets ménagers (1).
En élevage et en aquaculture, des « progrès » sont constatés concernant les antibiotiques. Ces progrès, permis par « une réglementation efficace et à des mesures nationales » selon l’Agence, « sont actuellement susceptibles d’entraîner une réduction de 50 % des ventes » d’antibiotiques pour les animaux d’élevage d’ici 2030.
L’Union européenne progresse également pour atteindre son objectif de réduction de 50 % d’utilisation des produits phyto et des risques associés. Selon le type de produits, la réduction de l’utilisation est estimée entre -46 % et -25 % depuis les années de référence 2015-2017. L’Agence de l’Environnement note cependant que l’utilisation des engrais agricoles et des phytos « reste la principale cause de pollution de l’eau ».
Azote, phosphore, ammoniac : encore loin des objectifs
L’objectif qui vise à réduire de 50 % d’ici 2030 les pertes de nutriments semble « peu probable » d’être respecté selon l’Agence européenne. Les chiffres sur l’utilisation des engrais et le lessivage des nutriments dans les sols n’ont en effet pas bougé depuis 2012-2015.
Il est également « peu probable » que soit respecté l’objectif de réduction de 25 % de l’impact de la pollution atmosphérique sur les écosystèmes. Les émissions d’ammoniac et d’oxydes d’azote « continuent de menacer les écosystèmes de l’Union européenne ». L’Agence souligne : « l’agriculture est responsable de 93 % des émissions totales d’ammoniac et leur réduction reste un défi de taille ».
Le rapport insiste sur le fait que pour atteindre les objectifs d’ici 2030, « la mise en œuvre et l’application intégrales de la législation environnementale sont essentielles ». Il cite entre autres des lois « révisées » — telles que la directive sur les émissions industrielles (IED), la directive-cadre sur l’eau (DCE) — ou d’autres mesures en cours d’élaboration législatives, par exemple pour « évaluer et réduire le risque des produits chimiques ».
L’Agence de l’Environnement estime que « des mesures supplémentaires sont toutefois nécessaires ». Les mesures prises sont « insuffisantes » au regard des « niveaux élevés de consommation de l’Union européenne », qui sont la principale cause de la pollution. Et de souligner des initiatives clés de la Commission européenne pour tendre vers l’objectif de réduction de la pollution, dont la vision pour l’agriculture et l’alimentation ou encore la stratégie européenne de résilience de l’eau.
Inclure « des solutions fondées sur la nature » contribuera selon l’Agence à « maintenir notre qualité de vie en s’attaquant aux risques sanitaires liés à l’environnement ». Elle conseille également de renforcer « la coopération entre les industries, les administrations publiques et la société civile » et d’accentuer « les synergies entre zéro pollution et compétitivité pour la prospérité durable de l’Europe ».
(1) D’ici 2030, l’UE devrait réduire : de plus de 55 % les décès prématurés liés à la pollution atmosphérique ; de 30 % la part de personnes chroniquement perturbées par le bruit des transports ; de 25 % les écosystèmes où la pollution atmosphérique menace la biodiversité ; de 50 % les pertes de nutriments, l’utilisation des produits phyto, la vente des antibiotiques pour les animaux d’élevage ; de 50 % les déchets plastiques en mer et de 30 % les microplastiques rejetés dans l’environnement ; réduire considérablement la production totale de déchets.
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