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Contrôles : quand les propos d’un agent de l’OFB mettent le feu aux poudres

Les propos d'un agent de l'OFB, tenus au micro de France Inter ce mercredi 15 janvier 2025, ont suscité de vives réactions de la part des principaux syndicats agricoles.

Réagissant à la déclaration de politique générale du Premier ministre, un agent de l’Office français de la biodiversité (OFB) a provoqué la colère du monde agricole en dressant un parallèle entre les agriculteurs qui ne veulent plus de contrôles et les dealers dans les cités.

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« Nous aujourd’hui, on a le sentiment que ce que veulent les agriculteurs, c’est plus nous voir dans leurs exploitations. C’est du même ordre que si les dealers demandaient aux policiers de ne plus venir dans les cités pour empêcher le deal. » Voilà comment un agent de l’Office français de la biodiversité (OFB), représentant du syndicat Snape FO (1), a réagi sur l’antenne de France Inter ce 15 janvier 2025, aux propos tenus hier par le Premier ministre François Bayrou devant l’Assemblée nationale.

Une réponse à François Bayrou

Qu’a dit le Premier ministre lors de sa déclaration de politique générale au sujet des agriculteurs ? « Quand nous évoquons leur crise, nous voyons […] le sentiment qu’ont nos agriculteurs de ne pas être respectés. […] Aujourd’hui, on les accuse de nuire à la nature. Et c’est une blessure profonde quand les inspecteurs de l’OFB viennent inspecter les fossés ou les points d’eau avec une arme à la ceinture dans une ferme déjà mise à cran par la crise. C’est une humiliation, et c’est donc une faute. »

C’est bien à François Bayrou que l’agent de l’OFB voulait répondre. « L’humiliation, c’est nous qui la subissons, a-t-il répondu à la journaliste de France Inter. Ça a commencé avec Gabriel Attal, et ça continue. J’ai l’impression qu’il y a une petite minorité d’agriculteurs qui montent en épingle le fait qu’il puisse y avoir des problèmes avec des agents de l’OFB. Je n’ai jamais eu de problèmes avec les agriculteurs. »

En fin d’interview, la journaliste de France Inter a précisé que « le Premier ministre a voulu hier envoyer un message politique de soutien aux agriculteurs mais qu’il souhaite que la circulaire du 3 décembre s’applique pleinement. C’est celle qui demande un port d’arme discret en cas de contrôle. »

La polémique s’est répandue comme une traînée de poudre. Le directeur général de l’OFB, Olivier Thibault, a dû intervenir. Sur X, anciennement Twitter, il s’est désolidarisé des déclarations de son agent, réaffirmant son « soutien et [sa] confiance aux agents de l’établissement ».

Une déclaration du directeur de l’OFB saluée par la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, en réponse sur X.

De son côté, la ministre de l’Agriculture a également condamné les propos de l’agent de l’OFB.

La colère des syndicats agricole en réponse

Ces propos ont immédiatement provoqué la colère du monde agricole. « Cette analogie est scandaleuse, elle compare des professionnels respectables qui exercent une activité légale, paient leurs impôts et leurs charges et respectent la législation à des délinquants voire des criminels », a réagi Véronique Le Floc’h, présidente de la Coordination rurale (CR), dans un communiqué de presse diffusé sur X le même jour.

En conséquence, la Coordination rurale redemande la dissolution de l’OFB, ou à défaut d’une transformation radicale, à brève échéance pour que le gouvernement puisse « retrouver la confiance des agriculteurs ». Le syndicat entend obtenir une réponse forte et rapide de la ministre de l’Agriculture et du Premier ministre, estimant que « de tels propos vont encore accentuer les craintes légitimes des agriculteurs quant aux intentions des agents de l’OFB à leur égard ».

Pour le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau « Cette provocation de ce matin est un énième épiphénomène de ce que tous les agris constatent sur le terrain », a-t-il dit à l’occasion de la conférence de rentrée de la FNSEA et Jeunes Agriculteurs (JA) ce mercredi, soulignant que l’agent de l’OFB était sorti de son rôle de fonctionnaire au service de l’État.

En réponse, les deux syndicats exigent la suspension pure et simple de tous les contrôles de l’OFB ainsi que la création d’un Varenne des normes et de la simplification d’ici le prochain salon de l’Agriculture (qui doit se tenir du 22 février au 2 mars 2025) pour faire « descendre la température ».

« Aussi longtemps que ce travail [sur les normes] n’a pas avancé, on ne peut pas durablement rester avec l’OFB qui défraye la chronique. Il faut redonner un code d’éthique, des conditions de réalisation, on ne peut pas rester ainsi. », a ajouté Arnaud Rousseau. Et de conclure : « Ce que ce monsieur a dit ce matin, c’est ce qu’entendent les agriculteurs dans leurs fermes. Ce n’est plus tenable. »

(1) Syndicat national des agents et personnels de l’environnement Force ouvrière

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