Planification écologique : « On ne met personne dans l’impasse »
Pacte vert, Ecophyto, néonicotinoïdes, place du cheptel bovin, etc., le secrétaire général à la planification écologique, Antoine Pellion, a tenté de défendre les orientations du gouvernement devant les députés.
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« Le plus gros risque pour l’agriculture demain, c’est le changement climatique. Quand on regarde les chiffres, les baisses de rendements ce sont les années de sécheresse ou les inondations », a avancé le secrétaire général à la planification écologique auprès du Premier ministre. Antoine Pellion était auditionné, le 30 mai 2024, par les députés qui voulaient l’entendre sur la perte de souveraineté alimentaire de la France. Chargé de veiller à la bonne marche des politiques publiques en matière environnementale, le secrétaire général a tenté de relativiser les griefs du monde agricole quant à leurs effets sur la production française.
Un impact du pacte vert à évaluer
Interrogé sur le pacte vert européen, le secrétaire général a d’abord rappelé qu’aucun des textes en découlant, n’était pour l’instant appliqué et qu’une grande partie de ses effets dépendra des applications nationales. Avant de pointer les analyses d’impact publiées sur la question. « Dans les deux études d’impact fréquemment citées, il y en a une commandée par l’administration Trump dans un intérêt évident d’essayer de noircir le trait et l’autre commandée par l’agro-industrie à Bruxelles. Donc, de fait nous n’avons pas d’étude totalement neutre à ce stade », a-t-il avancé. « Pour qu’elle soit pertinente, il faut regarder quelles sont les modalités de mise en œuvre et de paramétrage dans chaque pays. »
S’aligner sur les meilleures pratiques
La transition était toute trouvée pour le député Grégoire de Fournas (RN), qui l’a aussitôt questionné sur le plan Ecophyto et un éventuel risque de surtransposition des règles européennes. « Des études d’impact ont été faites. Lorsque l’on accompagne les agriculteurs pour qu’ils s’alignent sur les meilleures pratiques de chaque filière, à savoir les 20 % qui consomment le moins de pesticides dans une filière, alors on obtient la réduction de 50 % à l'horizon de 2030. On ne met personne dans l’impasse », a-t-il argumenté répétant le « pas d’interdiction sans solution ».
Des arguments qui n’ont pas convaincu l’élu qui a pris le glyphosate en exemple. « Se passer de glyphosate, c’est parfois un tracteur en plus, c’est un ouvrier en plus, ce sont des pertes de rendement parce que vous allez dégrader un système racinaire qui n’a jamais été impacté par le travail du sol », a-t-il argumenté.
Pour le secrétaire général, le problème est ailleurs. « Quand on regarde les chiffres, il n’y a pas de lien entre la baisse du nombre d’autorisation de substances et le rendement agricole. En revanche, il y a des situations avec des filières en difficulté économique qui vont conduire à des baisses de production », a-t-il affirmé.
Passe d’arme sur les néonicotinoïdes
S’en est suivi un nouvel échange soutenu entre Antoine Pellion et le député Grégoire de Fournas. Quand le secrétaire général a mis en avant l’identification par le PNRI (plan national de recherche et innovation) d’alternatives techniques ou génétiques aux néonicotinoïdes, le député a lui alerté sur la « compétitivité dégradée » de la filière française de la betterave sucrière à cause de l’interdiction.
« Les données dont nous disposons ne sont pas alignées avec ce que vous dites », lui a rétorqué Antoine Pellion. « Les cas où les agriculteurs plantent autre chose, ce n’est pas lorsqu’il y a une baisse production ou que le risque pucerons est trop fort », a-t-il avancé. C’est le fait de se dire qu’il y a des productions qui peuvent paraître un peu moins risquées et que les solutions alternatives [aux néonicotinoïdes] sont encore récentes », a-t-il précisé.
Pas de réduction volontaire du cheptel
La députée du Finistère, Mélanie Thomin, a ensuite demandé la position d’Antoine Pellion sur la question d’une éventuelle réduction du cheptel bovin souvent mis à l’index pour ses effets sur le changement climatique. « Nos travaux de planification sont très clairs. Ce qui est central, c’est l’alimentation des Français telle qu’elle est aujourd’hui. Ce n’est pas le gouvernement qui décrète ce que les Français doivent manger demain. »
Face au décrochage de la production française, le secrétaire général a donc assuré que la réduction des effectifs n’était pas envisagée. « L’enjeu dans la planification écologique à l'horizon de 2030, c’est de stabiliser le cheptel bovin », a-t-il souligné avant d’aborder les nécessaires actions sur le plan économique et commercial pour la filière.
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