Bien-être animal La castration des porcs devant la justice allemande
Saisie par Peta, une association de protection animale, la Cour constitutionnelle allemande va se pencher sur la castration à vif des porcelets.
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Peta a déposé à la mi-novembre un recours constitutionnel contre la castration des porcelets effectuée sans anesthésie. Procédure inédite, l’ONG a saisi la justice en tant que représentante des porcs, dont elle estime les droits « bafoués » : elle demande par ce biais aux juges de leur reconnaître des droits individuels.
Une voie juridique
« Des entités non strictement humaines, comme des entreprises ou des associations bénéficient d’une personnalité juridique. Pourquoi donc ne pas l’accorder aux animaux ? » argumente l’avocate de l’association, Cornelia Ziehm. Pour Peta, le droit allemand ouvre la voie à cette reconnaissance.
« Aucun droit individuel n’est accordé aux animaux » dans la constitution, estime toutefois Jens Bülte, professeur spécialiste en droit des animaux à l’université de Mannheim. L’idée de donner une personnalité juridique aux êtres vivants non-humains a fait son chemin ces dernières années, à la faveur du développement du mouvement antispéciste.
Pas « d’alternatives concrètes »
En 2013, les députés du Bundestag ont interdit la castration des porcs sans anesthésie au 1er janvier 2019, avant de décider, à la fin de 2018, de la reporter à 2021. Les parlementaires de la coalition au pouvoir, du SPD (sociaux-démocrates) et de la CDU (chrétiens-démocrates), pointaient à l’époque du doigt « le manque d’alternatives concrètes » à ce procédé.
Les pistes avancées pour remplacer la castration à vif (anesthésie locale, détection des carcasses odorantes à l’abattoir, sélection génétique) ne « répondent pas pour le moment aux exigences de la pratique », regrettaient les députés. Une décision saluée par les organisations agricoles, qui demandaient plus de temps pour s’adapter.
Un « vaccin » à l’essai outre Rhin
« L’industrie de la viande s’oppose aux mesures en faveur du droit des animaux principalement pour réduire ses coûts », avait déploré le président du groupe écologiste au Bundestag, Anton Hofreiter. L’Improvac, un vaccin constitue le principal espoir d’une filière pour qui le temps presse avant l’interdiction définitive de 2021.
Un projet test sur 100 000 porcs a été lancé dans le nord du pays par les syndicats agricoles locaux. L’utilisation de l’Improvac, autorisé depuis 2009 dans l’Union européenne, ne s’est pas développée en Allemagne en raison de son coût élevé. Ce vaccin induit temporairement la suppression immunologique de la fonction testiculaire.
En France, le ministre de l’agriculture Didier Guillaume a évoqué en novembre une interdiction pour la fin de 2021, sans faire toutefois d’annonce officielle. Des mesures sur le bien-être animal sont attendues dans les prochaines semaines.
> À lire aussi :Bien-être animal, les députés mettent la pression sur le porc et la volaille (29/08/2019)
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