Énergies renouvelables « Le gaz vert est un facteur démultiplicateur de la décarbonation »
Pour décarboner la France, GRDF mise sur le gaz et notamment les gaz renouvelables. Si la méthanisation progresse, elle fait face aujourd’hui à la hausse des prix et de nombreux projets sont à l’arrêt, faute de financements.
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« À l’heure où des choix majeurs en matière de politique énergétique se jouent, le gaz s’inscrit comme une énergie nécessaire pour réussir la décarbonation », a introduit Laurence Poirier-Dietz, directrice générale de GRDF, à l’occasion de sa conférence de presse annuelle, le 30 mars 2023. Parmi les leviers possibles pour accélérer cette décarbonation, les gaz renouvelables apparaissent comme la solution toute trouvée. Avec actuellement 540 sites de méthanisation en service pour une capacité totale d’injection de 9,5 TWh, la capacité de production de biogaz « pourrait atteindre l’équivalent de 11 réacteurs nucléaires en 2030, en retenant l’objectif atteignable de 20 % de gaz verts ».
La méthanisation à la française, un modèle reconnu
Pour la directrice générale de GRDF, les gaz renouvelables représentent un facteur démultiplicateur de la décarbonation. Cité en exemple, « le modèle français est reconnu ». Selon GRDF, l’organisation de la filière autour d’une agriculture plus durable et du gouvernement français, qui a contribué fortement à son développement en préparant notamment le droit à l’injection, ont permis d’avoir un coup d’avance sur nos voisins européens.
Enjeux énergétique, économique et de décarbonation, les gaz renouvelables permettent aujourd’hui d’y répondre et de souscrire pleinement à la trajectoire fixée de décarboner 100 % de la consommation totale de gaz à l’horizon de 2050. Au cœur des gaz renouvelables, on trouve la méthanisation, « exemple parfait de l’économie circulaire ».
Outre ses qualités en termes de réduction de gaz à effet de serre et de valorisation des déchets, la méthanisation génère des emplois. « C’est une filière qui a déjà à son actif 9 000 emplois locaux et non délocalisables créés à la fin de 2021 », indique Laurence Poirier-Dietz. En effet, un méthaniseur emploie généralement une à deux personnes permettant la création d’emplois qualifiés.
Directement injectables dans le réseau, sans modifier les infrastructures actuelles, la méthanisation et les autres biogaz constituent également une « transition douce qui peut se faire à mesure que le pourcentage de gaz renouvelables augmente ».
Les autres filières de biogaz progressent également. « La filière n’est pas aussi mature que l’injection de biométhane mais cette année 2022 a permis de voir la première injection de gaz de synthèse dans le réseau gazier français », souligne la directrice de GRDF. Pour le principal gazier français, ces nouvelles filières telles que la méthanation ou l’hydrogène sont très prometteuses et arriveront dans un second temps pour venir compléter le panel de gaz renouvelables.
Une nouvelle réglementation très attendue
Toutefois, cette dynamique des biogaz nécessite un soutien renforcé pour sécuriser la rentabilité des futurs projets. Comme toute installation, le méthaniseur consomme de l’électricité et nécessite des matériaux qui subissent actuellement de plein fouet la hausse des prix des matières premières. Aujourd’hui, plus de 1 000 projets sont ainsi en attente, faute de financement adéquat.
Pour le GRDF, deux dispositifs majeurs sont nécessaires pour relancer ces projets qui sont pour l’heure en discussion dans le cadre du Conseil supérieur de l’énergie (CSE). Tout d’abord, une revalorisation des tarifs d’achat du gaz afin de prendre en compte l’inflation. « Jusqu’ici, il n’y avait pas dans la formule d’indexation la prise en compte de l’inflation et en prenant les tarifs actuels avec une inflation qui monte à 5, voire 10 %, il y a plus de rentabilité pour les porteurs de nouveaux projets », explique le GRDF.
Deuxième dispositif, les certificats de production de biométhane. Remplaçant une enveloppe allouée par l’état, les certificats de production obligent les fournisseurs à acheter un certain pourcentage de gaz renouvelables qu’ils vendent à leurs clients. Selon le GRDF, la mise en place d’un tel dispositif permettra de créer de la demande et d’obtenir un financement beaucoup plus rapidement, expliquant le passage de 2 à 20 % de biogaz dans la consommation totale de gaz d’ici à 2030.
« Nous espérons que les nouveaux textes réglementaires sortiront avant l’été car ils sont très attendus par la filière et un certain nombre de porteurs de projets », souligne le gestionnaire gazier. Pour GRDF, il est donc nécessaire de mettre en place ces dispositifs réglementaires afin d’arriver à une neutralité au niveau des variations d’inflation, de coûts des matériaux ou de consommables tel que l’électricité et relancer les projets à l’arrêt. « L’économie des gaz et des gaz verts est un atout français, notamment au travers du biométhane, mais aussi des filières prometteuses des nouveaux gaz telles que la pyrogazéification ou la gazéification hydrothermale », conclut Laurence Poirier-Dietz.
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