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En congrès, la CFDT Agri-Agro face aux menaces contre les travailleurs agricoles

A la tribune, la secrétaire générale de la CFDT a été interpellée par une militante sur les inquiétudes face à un « syndicat patronal qui détruit tout ».

Le premier des syndicats de salariés agricoles s’inquiète des intimidations, notamment de la part de la Coordination rurale contre ses adhérents et de la montée de l’extrême droite.

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C’est dans un climat « compliqué » que s’est tenu le congrès de la CFDT Agri-Agro du 9 au 12 décembre 2025. Le premier des syndicats de salariés agricoles et agroalimentaires — environ 40 000 adhérents dont 4 000 dans la production agricole — a fait état des menaces et d’intimidations de la part d’agriculteurs, notamment issus des rangs de la Coordination rurale (CR).

Dernier incident en date : « un début d’incendie [qui] s’est déclaré dans des locaux de l’ASP » à Limoges à la suite des manifestations d’agriculteurs contre la politique d’abattage total contre la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), explique dans un communiqué ce lundi 15 décembre la CFDT Agri-Agro (1), qui compte 13 000 adhérents dans les métiers de service à l’agriculture.

Menaces et intimidations

En référence à la Coordination rurale, Corinne Lantheaume, syndicaliste de la CFDT à la chambre d’agriculture de la Gironde, interpelle Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT : « Nous faisons face à un syndicat patronal violent qui détruit tout. Quels que soient les défauts de la FNSEA, on peut discuter avec eux sans se faire menacer ou insulter. » À la pause, elle raconte à La France Agricole. « J’ai été victime de propos diffamatoires [de la part de la Coordination rurale] », estime celle qui a notamment été accusée d’être une « vendue » lors des élections de la présidence de chambre.

« Il y a une méconnaissance complète » du salariat agricole et des institutions, déplore-t-elle, tout en se disant prête à travailler avec la Coordination rurale sur des revendications partagées. Troisième vice-présidente à la chambre départementale et en charge des questions de formation à la chambre régionale, elle observe l’évolution du paysage politique agricole avec l’arrivée de la Coordination rurale aux méthodes musclées, voire « violentes ».

« Il faut qu’ils apprennent comment ça fonctionne »

« On leur a expliqué que pour nous dans leur façon de faire, il y avait une ligne rouge. Nous refusons les insultes, les menaces et les dégradations. Ce n’est pas un mode d’action acceptable, surtout quand les salariés sont victimes. » Elle se rappelle « leur dernière sortie en Gironde », où les façades de la MSA et du Crédit Agricole ont été dégradées : « On ne peut pas écrire sur la façade du Crédit Agricole “assassins au pluriel”, cela veut dire que ce sont les salariés qui sont des assassins… »

Si elle reconnaît des luttes qui peuvent être communes, « s’ils veulent les chambres d’agriculture, il faut qu’ils apprennent comment ça fonctionne et comment on discute avec toutes les parties prenantes », commente-t-elle avant de rappeler une citation connue : « La violence, c’est le refuge de l’incompétence ».

Benoît Delarce, secrétaire national en charge de la production agricole atteste : « En Nouvelle-Aquitaine lors de l’élection de la présidence de la chambre, du fait du vote démocratique, la Coordination rurale n’a pas accédé à la présidence. Elle a ciblé nos militants comme étant les personnes qui les [en] avaient empêché. » Dans des tracts, les opposants étaient listés et menacés de représailles.

« On défendra systématiquement tous nos militants et toutes les actions violentes de l’organisation, et on se défendra de toute organisation qui attaquera nos militants », soutient le syndicaliste. Interrogé, le président de la Coordination rurale, Bertrand Venteau, dit attendre « des exemples précis et vérifiables » des violences de la part de la Coordination rurale, estimant qu'« aucun élément concret n’a été présenté » concernant des « cas de brutalité d’un agent de la Coordination rurale », sans répondre aux observations de menaces, d’intimidations et de propos diffamatoires formulés par des militants de CFDT.

Crainte d’une percée de l’extrême droite

Autre menace plus globale, les adhérents du syndicat se sont largement inquiétés de la montée de l’extrême droite et des risques que cela engendrait pour les travailleurs salariés. Le secteur agricole est parmi les premiers concernés face aux cibles de l’extrême droite : le dérèglement climatique et la main-d’œuvre étrangère.

Face aux difficultés de recrutement, le secteur agricole repose largement sur « la main-d’œuvre étrangère qui vient en France », même si elle est actuellement difficile à quantifier, observe Benoît Delarce. La préférence nationale, proposition du Rassemblement national, risque de réduire les « normes de droit du travail pour cette population spécifique » s’inquiète le syndicaliste mobilisé sur une charte contre le travail illégal dans le secteur agricole.

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