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Présidentielle François Fillon : « Le ministre de l’Agriculture évoluera dans un gouvernement c

À moins d’une semaine du second tour, les deux finalistes cherchent à se différencier. Confidences des candidats sur leur rapport au monde agricole.

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La France Agricole : Quel est votre lien avec l’agriculture ?

 

François Fillon : Je suis un élu rural ! J’habite à Solesmes, dans la Sarthe. Tous mes voisins sont agriculteurs. J’ai de nombreux amis agriculteurs, viticulteurs, sylviculteurs, éleveurs… Mes racines sont paysannes, en Vendée et au Pays basque, et je me présente souvent comme un « paysan sarthois ». Je creuse mon sillon… Les graines que j’ai semées depuis trois ans sont en train de lever. La récolte à l’air meilleure qu’annoncée. (Rires)

 

Et avec les syndicats agricoles ?

 

F.F. : Depuis plus de trente ans, comme maire de Sablé-sur-Sarthe, président du conseil général de la Sarthe, président de la Région Pays de la Loire, ministre puis Premier ministre, j’entretiens avec les syndicats agricoles et leurs élus, de toutes tailles et à tous niveaux, des liens étroits. J’ai parmi eux des amis proches, des relations de confiance. Et depuis que je me suis lancé dans la campagne pour la primaire de la droite et du centre, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de les rencontrer et de partager nos points de vue. Ils ne sont pas toujours convergents, mais les dialogues sont toujours constructifs. Un certain nombre d’acteurs syndicaux et de membres d’interprofession ont participé à l’élaboration de mon programme pour l’agriculture.

 

Quelle place tiendra le secteur dans votre quinquennat ?

 

F.F. : Pour moi, l’agriculture française est un secteur éminemment stratégique. Les territoires ruraux sont au cœur de mon projet de redressement pour la France et je veux faire de l’agriculture une priorité nationale et européenne. L’objectif est double : être le leader en Europe, et l’Europe leader dans le monde.

 

Je souhaite confier l’Onema au ministre de l’Agriculture

François Fillon

 

 

Comment imaginez-vous votre futur ministre de l’Agriculture ? Avec quel portefeuille ?

 

F.F. : Mon gouvernement comptera 15 ministres. Il n’y aura pas de secrétaire d’État. Je souhaite une équipe opérationnelle, un gouvernement « commando ». Mes ministres seront choisis pour leur compétence. La moitié d’entre eux seront issus de la société civile. Le ministre de l’Agriculture n’échappera pas à cette règle. Il ou elle aura un niveau de compétence indiscutable, reconnu, que ce soit pour les questions agricoles françaises, européennes ou internationales. Il y aura dans son périmètre de responsabilité, outre l’agriculture et l’agroalimentaire au sens large, la mer, le littoral et la pêche, la forêt et la chasse. Je souhaite lui confier aussi l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage, NDLR) et, par voie de conséquence, l’Onema (Office national de l’eau et des milieux aquatiques, NDLR). Comment dissocier la problématique de l’eau et celle de l’agriculture ?

 

Quelle proposition vous distingue de votre concurrent ?

 

F.F. : J’ai bien étudié le programme agricole d’Alain Juppé. Sincèrement, je n’y ai rien vu de nouveau. Dire que le « futur ministre doit aller à Bruxelles » n’est pas vraiment percutant et surtout n’engage à rien…

 

Regardez bien mes propositions, tant dans le domaine du statut des entreprises agricoles que dans la capacité d’innovation, dans la restructuration des filières, dans les propositions de mettre en place un « Grenelle des prix » avec les distributeurs, la baisse des charges sociales patronales et salariales, pour remonter les marges des exploitations. Mon programme agricole est ambitieux, car nous devons déjà éteindre l’incendie, la situation de trop d’exploitations et d’exploitants agricoles est grave, il faut y remédier d’urgence. Mais il faut aussi mettre en place les moyens pour que l’agriculture française soit une de celles qui compteront en Europe et dans le monde pour alimenter la planète dans 30 ans, avec ses 9 milliards d’habitants.

 

OGM, ça veut tout dire et ne rien dire à la fois !

François Fillon

Quel avenir pour le concept d’agroécologie ?

 

F.F. : L’agroécologie est le laboratoire de recherche de l’agriculture conventionnelle ! Le premier défenseur de l’environnement, c’est l’agriculteur lui-même, qui connaît et respecte mieux que quiconque ses terres et ses animaux. Pour moi, la base fondamentale, c’est le respect de l’agriculteur en tant qu’entrepreneur, qui choisit librement son mode de production. Mode de production qui doit impérativement être vertueux en termes de protection de l’actif premier de l’agriculteur, l’environnement, car là est sa richesse et son avenir.

 

Les progrès de la génétique, de la chimie, du big-data vont permettre progressivement, mais rapidement, la mise en place d’une agriculture que j’attends ultraperformante, techniquement, économiquement, mais aussi sur le plan de l’environnement.

 

Que pensez-vous des OGM ?

 

Je suis très clair, je vais supprimer de la constitution le principe de précaution. En ce qui concerne les OGM, je pense que ce combat est dépassé. Les progrès de la génétique sont à même aujourd’hui, avec les nouvelles techniques d’hybridation, de répondre aux défis de l’amélioration des espèces à destination de productions agricoles. Et j’ai une grande confiance dans la qualité de nos chercheurs et agronomes, les variétés de demain seront productives, et adaptés aux demandes des consommateurs et aux défis environnementaux.

 

Je souhaite que l’on raisonne organisme par organisme et que l’on cesse de mettre tous les organismes dans le même sac « OGM ». « OGM » ça veut tout dire et ne rien dire à la fois ! J’aimerais que la France ne soit pas le seul pays au monde à refuser d’utiliser les travaux de nos deux derniers prix Nobel français sur ces sujets !

En matière d’abattage, les lois de la République s’appliquent avant les consignes religieuses

François Fillon

Quelle est votre position par rapport au statut de l’animal ?

 

Je veux réfléchir avec les producteurs agricoles, les industriels et les associations de protection animale sur des modalités précises pour s’assurer que les animaux soient élevés et mis à mort dans des conditions dignes. Je suis favorable à l’étourdissement avant abattage. Les lois de la République doivent s’appliquer avant les consignes religieuses. J’observe d’ailleurs qu’en Jordanie l’abattage rituel autorise l’étourdissement. Nous sommes donc, sur ce sujet aussi, dans un débat sur des symboles.

 

Mangez-vous de la viande ?

 

Bien sûr ! Je la mange et je la cuisine !

 

 

 

 

Retrouvez les réponses d’Alain Juppé.

 

Les autres points principaux qui distinguent les deux candidats.

 

 

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