« Les pertes liées à la dermatose nodulaire se comptent en millions d’euros »
Les élevages touchés par la DNC (dermatose nodulaire contagieuse) et les ateliers de transformation fromagère essuient de lourdes pertes économiques. Le directeur de l’Association des fromages traditionnels des Alpes savoyardes (Aftalp), Sébastien Breton, dresse un état des lieux dans les deux Savoies.
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« Une vingtaine de troupeaux laitiers en lactation ont été abattus des suites de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC), sur les 1 400 exploitations laitières des Savoie, explique Sébastien Breton, le directeur de l’association des fromages traditionnels des Alpes savoyardes. Nous pouvons estimer les pertes d’élevage et d’exploitation entre 200 000 et 600 000 euros en fonction des cas. L’État a pris des engagements pour couvrir ces pertes. Nous travaillons encore sur les conséquences des indemnités en termes de fiscalité qui seront versées en une seule fois. Nous voulons éviter la double peine d’être fortement fiscalisé sur les aides reçues. »
Un lait nettement moins bien valorisé
« Sur la partie relative à la transformation, nous avons résolu une bonne partie des difficultés avec le retour rapide de la transformation du lait cru et le déblocage de 250 tonnes de fromages immobilisés pendant un mois. Par contre, nous comptons des pertes liées à une moindre valorisation du lait pendant la période de surveillance sur les premières semaines après l'apparition de la maladie. Une partie des volumes a été détournée de la transformation en lait cru (filières de la tomme de Savoie, raclette de Savoie et reblochon) pour être traitée thermiquement. »
« Conséquence, le passage d’un prix du lait à 700 € par litre environ au prix du marché spot engendre une perte non négligeable pour les éleveurs. La diminution des volumes a frappé durement certains ateliers de transformation. Des coopératives ont vu leur collecte fortement diminuer. Certains ont fermé, comme celui de Saint-Germain-la-Chambotte, sur la commune d’Entrelacs. Pour d’autres, l’amortissement devient moins important avec la baisse des volumes de lait. Et cela durera, car nous anticipons un manque de lait pour les six prochains mois au minimum. »
« À ce jour, on estime les pertes du maillon de la transformation à 1 million d’euros, sans compter les pertes futures. Heureusement, sur les marchés nous n’avons pas senti de baisse, car la DNC n’a pas d’impact sur la santé humaine. Seuls certains marchés à l'exportation ont fermé, comme celui du Royaume-Uni, pour cause de protectionnisme. Ce ne sont pas de gros volumes. »
L’Aftalp a créé une cagnotte pour soutenir concrètement les personnes directement touchées — les éleveurs (producteurs de lait, fermiers, alpagistes) et fromagers. Cet argent servira « à reconstituer les troupeaux, à l’accompagnement des éleveurs, à maintenir l’activité des fromageries et à la préparation de l’avenir ».
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