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Diversification Les constructeurs se ruent sur le désherbage mécanique

Chez les constructeurs, qu’ils soient tractoristes full-liners (gamme longue) ou spécialistes des outils attelés, personne ne veut manquer le train du désherbage mécanique.

La plupart des acteurs majeurs du machinisme agricole disposent désormais d’une gamme de bineuses, voire d’une offre complète d’outils de désherbage mécanique. Une diversification réalisée la plupart du temps grâce à des rachats stratégiques.

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La fièvre acheteuse s’est emparée des constructeurs et tous convoitent le dernier article à la mode : la bineuse. Depuis quelques années, avec la pression sociétale pour réduire l’utilisation des produits phytosanitaires, le désherbage mécanique s’impose comme la solution alternative la plus simple à mettre en pratique. Chez les constructeurs, qu’ils soient tractoristes full-liners (gamme longue) ou spécialistes des outils attelés, personne ne veut manquer le train du désherbage mécanique. Bineuses mais aussi houes rotatives et herses étrilles sont désormais une priorité dans les investissements.

Rafale de rachats

L’actualité est brûlante sur ce sujet. En une semaine, deux rachats majeurs sont ainsi intervenus. Le 1er février 2023, Kubota au travers de sa filiale Kverneland, a finalisé l’acquisition de BC Technic, l’entreprise bourguignonne fabricante d’outils de désherbage mécanique Phenix Agrosystem. BC Technic dispose d’un catalogue complet avec des bineuses mais également des houes rotatives et des herses étrilles. Les machines continueront à être distribuées sous la marque Phenix mais seront également produites sous les couleurs Kverneland et Kubota, pour les réseaux de distributions respectifs des deux marques.

Le 8 février, c’est Väderstad qui a avancé ses pions dans le désherbage avec le rachat de la partie binage du Danois Thyregod. Le constructeur suédois prendra la responsabilité de ces machines à partir du 1er juin 2023. Elles seront d’abord vendues sous leurs couleurs actuelles, et toujours produites au Danemark. Elles devraient arborer les couleurs Väderstad en 2024.

Frénésie depuis 2016

L’intérêt des grands noms du machinisme pour ce type de matériels est récent. En 2013, Maschio-Gaspardo a ainsi fait l’acquisition de Pietro Moro et de ses houes rotatives tandis qu’en 2015, ce sont les bineuses Monosem qui tombaient dans l’escarcelle de John Deere suivie en 2016 par les bineuses Kongskilde dans celle de CNH. Mais dans ces trois cas, le matériel de désherbage était plutôt un bonus que l’objet du rachat. Pietro Moro a apporté une gamme de charrues, Monosem des semoirs monograines et Kongskilde une gamme complète de travail du sol et de fenaison.

C’est en 2018 que la première offensive ciblée a eu lieu avec le rachat du néerlandais Steketee par Lemken. Le catalogue ne comprenait à l’origine que des bineuses de précision mais Lemken a dévoilé un prototype de herse étrille lors du dernier Sima. Les bineuses sont pour le moment toujours commercialisées sous les couleurs et la marque Steketee mais la herse étrille était présentée dans une couleur neutre (noir) et sans marque, ce qui laisse présager une éventuelle arrivée de matériels bleus. La même année, Amazone s’est lancé à son tour dans l’aventure de la bineuse avec le rachat de Schmotzer.

Après quatre ans de partage du marché français avec l’importateur Stecomat, c’est désormais Amazone France qui assure seul la distribution de ces matériels dans l’Hexagone. Les machines portent toujours leur marque d’origine mais la couleur orange des éléments est désormais la teinte d’Amazone.

Il faudra attendre 2019 pour qu’un autre poids lourd des outils, l’autrichien Pöttinger, fasse main basse sur son compatriote CFS, qui propose une gamme complète avec bineuse, herse et houe. Tous ces matériels sont désormais vendus sous les couleurs Pöttinger. Parallèlement, d’autres entreprises de taille plus modeste ont investi dans la bineuse comme Zürn qui a racheté le britannique Garford en 2019 ou encore Stecomat qui s’est offert le français Binov durant l’été 2022.

Développement interne

Parmi tous ces acteurs majeurs du machinisme agricole, peu se sont lancés dans le développement de leur propre solution. C'est le cas de Bednar avec les bineuses depuis plusieurs années et plus récemment de Horsch. Le constructeur bavarois a ainsi dévoilé en 2019, une offre complète avec bineuse et herse-étrille, regroupées au sein d’une gamme « agriculture hybride ». Ces machines cohabitent désormais avec les pulvérisateurs.

Un choix à l’opposé de celui de Lemken qui a décidé en 2020, quelques mois seulement après le lancement d’un modèle automoteur, d’arrêter la commercialisation des pulvérisateurs.

Le site de production de ces matériels accueille désormais les semoirs en ligne et monograines de la marque tandis que Steketee fait l’objet cette année d’un investissement de 18 millions d’euros pour ouvrir une deuxième usine afin de suivre la demande en pleine explosion. Sur ce marché bouillonnant, seuls Kuhn et Agco n’ont pas encore cédé aux sirènes du désherbage mécanique. Affaire à suivre.

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