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Pesticides Des métabolites retrouvés dans l’eau potable

L'Anses a par ailleurs relevé des dépassements du critère « somme des pesticides et des métabolites pertinents » sur un portion assez importante de captages étudiés.

Selon l’Anses, des métabolites du chlorothalonil et du S-métolachlore sont ceux qui sont les plus fréquemment identifiés, avec plus de 50 % de quantification en eaux traitées.

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L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a communiqué les principaux résultats de la campagne de mesure des polluants émergents dans l’eau potable pour 2020-2022 le 6 avril 2023. Son laboratoire d’hydrologie vérifie en effet régulièrement la présence de composés chimiques qui ne sont pas ou peu recherchés lors des contrôles réguliers.

Trois classes de polluants ont pour cela été sélectionnées : 157 pesticides et métabolites de pesticides (issus de leur dégradation), 54 résidus d’explosifs et un solvant, le 1,4-dioxane. La campagne a permis de collecter plus de 136 000 résultats. Les prélèvements d’eaux brutes et traitées ont été réalisés sur tout le territoire français, y compris dans les territoires d’outre-mer, avec pour objectif d’analyser des points de captage d’eau représentant environ 20 % de l’eau distribuée.

Métabolites du chlorothalonil

« Sur 157 substances actives et leurs métabolites, 89 d’entre eux ont été détectés au moins une fois dans les eaux brutes et 77 fois dans les eaux traitées », informe ainsi l’Agence au 6 avril 2023. Elle ajoute que les métabolites sont généralement plus fréquemment quantifiés que les substances actives correspondantes.

Et parmi les 7 composés « émergents » ayant conduit à des dépassements de la limite de qualité de 0,1 µg/litre, un cas en particulier se dégage : celui du métabolite chlorothalonil R471811. Le chlorothalonil est un fongicide multisite qui était utilisé sur céréales notamment.

Ce métabolite « a été inclus dans cette campagne faisant suite à la publication en 2019 de données suisses indiquant qu’il était très fréquemment retrouvé dans les eaux de consommation en Suisse », rappelle l’Anses.

« D’une part, c’est le métabolite de pesticide le plus fréquemment retrouvé, dans plus d’un prélèvement sur deux. D’autre part, il conduit à des dépassements de la limite de qualité dans plus d’un prélèvement sur trois », révèle les résultats. « Un autre métabolite du chlorothalonil a été retrouvé avec une concentration supérieure à la limite de qualité de 0,1 µg par litre dans environ 3 % des échantillons », ajoute le rapport.

Métolachlore ESA

« Ces résultats attestent qu’en fonction de leurs propriétés, certains métabolites de pesticides peuvent rester présents dans l’environnement plusieurs années après l’interdiction de la substance active dont ils sont issus », confirme l’Anses. Le chlorothalonil a en effet été interdit sur le territoire français en 2020.

Autre métabolite de pesticide, évalué comme non pertinent (1) par l’Agence en 2022, le métolachlore ESA est également quantifié dans plus de la moitié des échantillons. Moins de 2 % d’entre eux dépassant la valeur de gestion de 0,9 µg par litre définie pour les métabolites non pertinents.

Parmi les métabolites recherchés, le chlorothalonil R471811 et le métolachlore ESA sont donc les molécules les plus fréquemment quantifiées avec plus de 50 % de quantification en eaux traitée. Pour ces deux molécules, respectivement 34 % et 1,7 % des échantillons étaient en situation de dépassement des limites de qualité. Elles sont fixées à 0,1 µg/l pour le métabolite R471811 (2) et 0,9 µg/l pour métolachlore ESA.

« Toutes les concentrations mesurées pour les différentes molécules restent cependant très inférieures aux valeurs sanitaires maximales, lorsque celles-ci sont disponibles », rapporte l’Agence.

Situation déjà connue

« On sait depuis 2006 par la Commission européenne que le chlorothalonil a la capacité de produire des métabolites en quantité importante », a réagi François Veillerette, porte-parole de Générations Futures à la suite de la publication de ce rapport d’appui scientifique et technique. « Pour d’autres, la situation n’est guère meilleure comme dans le cas du S-métolachlore, cancérogène, qui a pollué les eaux du robinet chez plus de 3 millions de Français ces années passées, et que le ministre de l’Agriculture veut voir rester sur le marché français, en contradiction avec les décisions de l’Anses ! »

(1) Les métabolites non pertinents ne sont pas soumis aux limites de qualité mais leur concentration dans l’eau traitée doit être inférieure à une valeur indicative de 0,9 µg/l. Ils n’entrent pas dans le calcul de la somme des pesticides (0,5 µg/l) et ne sont pas non plus considérés pour l’évaluation de la qualité des eaux brutes.

(2) Les substances actives et métabolites pertinents doivent respecter des limites de qualité fixées dans les ressources et les eaux traitées. Dans les eaux traitées, les limites de qualité pour les pesticides et leurs métabolites pertinents sont de 0,1 µg/l par molécule et 0,5 µg/l pour la somme des composés recherchés. L’eau est déclarée conforme lorsqu’elle répond à ces limites de qualité.

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