Depuis fin juillet, le cours du porc français dévisse. Le 21 juillet 2025, il s’affichait à 1,896 €/kg de carcasse au Marché du Porc Français (MPF), ce lundi 22 septembre, il s’établissait à 1,616 €/kg, après une nouvelle baisse de 1,9 centime. Et la mise en place de droits de douane supplémentaires par la Chine depuis le 10 septembre sur la viande et les abats européens, pourrait tendre un peu plus la situation.
Un effet chinois à relativiser
Ces taxes antidumping sont trop récentes pour expliquer la chute des cours. « Les cochons français sont abattus avant tout pour être consommés en France, souligne Pascal Le Duot, le directeur du MPF. Les produits exportés en Chine sont en très grande majorité les pieds et les oreilles. »
Une surtaxe de 20 % sur ces morceaux ne suffit pas pour expliquer le recul des prix qui a commencé en juillet. «Ces taxes chinoises ont une origine politique connue et leur impact est avant tout psychologique», estime-t-il.
Le marché subit d’abord le contrecoup de la hausse de la production européenne. Après trois années favorables, « la production s’est plutôt musclée », rééquilibrant le rapport entre l’offre et la demande alors que la consommation stagne. Et cela pèse sur les cours.

En France, la généralisation de la production de mâles entiers accentue les tensions. Ce « n’était pas une demande des abatteurs à l'origine », rappelle Pascal Le Duot. Un des leaders français de l’abattage refuse toujours ce type d’animaux. Résultat : « quand il y a suffisamment de porcs, vous avez un déséquilibre [du marché] qui joue un peu plus » sur les prix, observe Pascal Le Duot.
La situation française ne peut pas non plus s’analyser sans regarder chez nos voisins : « les marchés allemand, français et espagnols se regardent et se suivent », insiste Pascal Le Duot. Sur le plan international, la concurrence reste vive. Les États-Unis affichent des prix élevés, tandis que le porc produit au Brésil demeure « extrêmement compétitif », en particulier sur le marché asiatique.
De lourdes pertes financières en perspective
Si son effet immédiat reste limité, la décision de Pékin d’instaurer des droits antidumping provisoires sur la viande porcine et les abats européens risque d’avoir de lourdes conséquences. La Chine représente 27 % des exportations européennes, et constitue un débouché majeur pour les coproduits.
Selon les données rapportées par l’Institut du porc (Ifip) sur sa plateforme la Place des marchés, le prix du porc français pourrait reculer de 0,07 à 0,21 €/kg, avec un scénario central à -0,08 €/kg à cause de ces droits de douane supplémentaires. Au niveau européen, la baisse attendue se situe entre 0,11 et 0,26 €/kg.

Au global, l’Ifip chiffre le manque à gagner entre 2,35 et 5,56 milliards d’euros par an pour l’Union européenne, dont 155 à 451 millions pour la France. Des pertes qui résulteraient de la disparition de certains débouchés et d’une réorientation forcée vers le marché intracommunautaire.
Au-delà de l’impact direct pour les éleveurs et transformateurs européens, ces mesures antidumping pourraient surtout profiter aux grands exportateurs déjà présents en Asie. Les États-Unis, mais surtout le Brésil, s’affirment comme les grands gagnants potentiels de cette redistribution des cartes.