La Chine a annoncé, vendredi 5 septembre 2025, l’imposition de droits antidumping provisoires sur les importations de porc en provenance de l’Union européenne (UE), nouvel épisode en date des frictions commerciales et politiques entre les deux puissances économiques. La Commission européenne prendra « toutes les mesures nécessaires pour défendre ses producteurs et ses industriels », a réagi dans la foulée l’un de ses porte-paroles.

Des droits de douane provisoires

Pékin et Bruxelles entretiennent depuis plusieurs années des rapports difficiles, aggravés par l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, car le géant asiatique est un partenaire économique et diplomatique clé de Moscou. Les autorités chinoises avaient lancé une enquête antidumping sur le porc européen en juin 2024, peu de temps après l’annonce par l’Union européenne de sa volonté d’imposer des droits de douane supplémentaires sur les véhicules électriques fabriqués en Chine.

« L’autorité responsable de l’enquête a déterminé, de manière préliminaire, que les importations de porc et de sous-produits porcins en provenance de l’Union européenne font l’objet de dumping », a indiqué vendredi le ministère chinois du Commerce. L’industrie chinoise « a subi un préjudice important », a-t-il ajouté.

Les autorités ont donc décidé de mettre en place « des mesures antidumping provisoires sous forme de cautions » à déposer auprès des Douanes, a annoncé le ministère du Commerce. Ces droits, compris entre 15,6 % et 62,4 %, entreront en vigueur le 10 septembre. Les mesures annoncées restent « provisoires » car l’enquête du ministère du Commerce doit se prolonger jusqu’en décembre. Des conclusions finales devraient alors être rendues.

« Très mauvaise nouvelle »

La Chine est la première consommatrice mondiale de porc, une viande très utilisée dans la cuisine locale. À titre d’exemple, elle a importé l’année dernière pour 4,3 milliards de yuans (516 millions d’euros) de produits porcins en provenance de l’Espagne, l’un des principaux producteurs européens, selon les Douanes chinoises.

« C’est une très mauvaise nouvelle pour la filière porcine dans son ensemble, et pas seulement à l’exportation, car cela aura sûrement un impact baissier sur le prix à la production en Europe », a indiqué à l’AFP Thierry Meyer, vice-président d’Inaporc, l’interprofession du porc en France. « Il n’y a jamais eu de pratiques européennes de dumping en Chine car si on les vend là-bas, c’est parce que les prix sont bons. Cette enquête est venue suite au problème des taxes (de l’Union européenne) sur les voitures électriques », a-t-il ajouté.

La France a exporté en 2024 un total de 115 000 tonnes en Chine. « La Chine est notre premier pays d’exportation, nous y exportons des morceaux non consommés en Europe, pieds, oreilles. Donc, pour nous, c’est un marché important », explique Anne Richard, directrice d’Inaporc.

Cette annonce intervient après une intense séquence diplomatique chinoise au cours de laquelle le président Xi Jinping a reçu des dizaines de dignitaires étrangers — dont les dirigeants russe Vladimir Poutine et nord-coréen Kim Jong Un.