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Vers une croissance faible de la collecte laitière mondiale

Le lait collecté dans les cinq prochaines années sera plus riche en matière grasse, offrant de nouvelles opportunités de marché.

Sur des perspectives à cinq ans, la collecte mondiale de lait devrait se stabiliser, mais la composition en matière grasse augmentera. De quoi trouver de nouveaux créneaux de transformation.

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« Le niveau mondial de collecte de lait n’est vraiment pas bien orienté à court terme », constate Christophe Lafougère, directeur de Gira, société de stratégie et prospective, lors de la journée des marchés mondiaux du lait et de la viande organisée par l’Institut de l’élevage (Idele) à Paris le 11 juin 2025. Cette estimation se base sur les principaux producteurs, à l’exception de l’Inde (lire l’encadré ci-contre).

Sur une prospective à cinq ans, Christophe Lafougère estime la croissance de collecte américaine à +0,6 % par an. La composition en matière grasse du lait continuera d’augmenter. « La production forte de matière grasse risque de tirer le cours du beurre à la baisse aux États-Unis. »

Même modèle en Europe, où la collecte — dans le scénario positif — est attendue à + 0,2 % par an sur cinq ans, avec une composition en matières grasses également à la hausse. « Dans un scénario plus négatif, en raison des normes environnementales ainsi que des conséquences des épizooties, il y aurait moins de lait sur le marché européen », analyse Christophe Lafougère.

Montée de la Chine

Ces problèmes d’approvisionnement risquent de se traduire en tensions, qui impliqueront des variations sur le prix du lait. « Les transformateurs auront de plus en plus de peine à répercuter les prix, ce qui va induire différentes stratégies commerciales », prédit le directeur de Gira. Certains peuvent par exemple prendre le créneau de faire davantage de fromage. Christophe Lafougère observe au niveau mondial une tendance haussière dans la demande de produits protéinés. « Faire du fromage va dans ce sens, car cela produit du lactosérum ainsi que de la matière grasse. »

Un fait marquant pour les cinq prochaines années serait la montée en puissance de la Chine sur de nouveaux marchés. Malgré une collecte laitière en hausse de 6 % par an entre 2018 et 2023, l’empire du Milieu a vu ses volumes reculer en 2024 et 2025. « La Chine a produit trop de lait tandis que ses importations ont continué », analyse Christophe Lafougère. Dès lors, le pays a délaissé le stockage sous forme de poudre grasse, pour faire place à la transformation.

« Depuis deux ans, des usines de beurre et de crème sont ouvertes en Chine, car les habitants en consomment de plus en plus. » Il en est même du côté de la production de fromages, qui a le vent en poupe. « Le gouvernement chinois est aussi en train de pousser à l’exportation », notamment pour mieux valoriser les produits, et donner une image de puissance sur la scène internationale.

« Il faut garder ce marché à l’œil, car il peut avoir des impacts conséquents sur nos entreprises, alerte le directeur de Gira. On n’a jamais vu une telle rapidité de changements qu’actuellement dans le marché du lait. »

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