La filière laitière « traverse une période délicate »

Des bouleversements à tous les étages de la filière laitière. Voici le point sur lequel Benoit Rouyer, économiste au Cniel, l’interprofession laitière, attire l’attention dans sa dernière conjoncture vidéo diffusée le 7 février 2024. « Les repères de coûts et de prix ont progressé de l’ordre de 30 % en trois ans à tous les maillons de la filière, souligne-t-il. Si, dans le contexte actuel de ralentissement de l’inflation, ces évolutions de prix venaient à se déphaser sensiblement, la situation économique des acteurs de la filière en serait nécessairement affectée. »

Beurre en hausse, poudre de lait en baisse

De leur côté, les prix des produits laitiers industriels ne suivent plus la même évolution à la hausse. Celui du beurre « poursuit sa progression entamée en septembre, observe Benoit Rouyer. Il a augmenté de 800 euros la tonne en l’espace de quatre mois. En revanche, le prix de la poudre de lait écrémée, qui s’était redressé pendant l’été et l’automne, marque désormais le pas », reculant de 250 euros la tonne au cours des deux derniers mois.

La production de lait de vache est peu dynamique dans les grands bassins exportateurs mondiaux. « Les évolutions globales sur l’ensemble des douze derniers mois montrent une relative stabilité aux États-Unis et dans l’Union européenne. La Nouvelle-Zélande affiche une croissance modérée de l’ordre de 1 %. » En France, la collecte laitière décroche nettement, selon les sondages hebdomadaires de FranceAgriMer. Sur l’année 2023, elle a reculé de 3,1 % et cette baisse se poursuivait sur le début de 2024.

Le prix du lait recule

Selon FranceAgriMer toujours, « le prix standard du lait de vache conventionnel est de 433 euros les 1 000 litres en novembre 2023, rapporte Benoit Rouyer. Il se situe 25 € en dessous de son niveau de novembre 2022. » Cela représente une baisse de 6 % en l’espace d’un an. Sur une période plus longue, « le prix du lait se situe aujourd’hui, comme c’est le cas des coûts de production, dans un référentiel totalement différent de celui d’il y a trois ans avec un niveau supérieur d’un peu plus de 30 %, par rapport à celui de la fin de 2020. »

C’est l’indice Ipampa « lait de vache » qui sert à mesurer l’évolution des charges dans les élevages laitiers. Après une période de forte augmentation, il recule de 4 % par rapport à novembre 2022. Sur une échelle de temps plus longue, les trois dernières années, il a bondi de 26 %. « Parmi les postes en forte augmentation depuis 2021, figurent les aliments achetés, les engrais, ainsi que l’énergie et les lubrifiants. »

À l’autre bout de la chaîne, dans les rayons de la distribution, les prix des produits laitiers « tendent à se stabiliser sur les derniers mois, commente Benoit Rouyer. Pour autant, l’inflation sur un an reste importante, dans une fourchette de +8 % à +9 % selon les familles de produits laitiers. Là encore, comme dans les autres maillons de la filière, les références de prix en magasin ont été totalement bouleversées en l’espace de trois ans, avec des progressions de l’ordre de 25 à 30 %. »