La collecte laitière en berne malgré des signaux encourageants
La production laitière française poursuit son déclin dans une conjoncture plutôt bien orientée.
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« L’évolution de la production laitière française devient de plus en plus préoccupante », s’inquiète l’Institut de l’élevage (Idele), dans sa note économique de juillet. En cumul de janvier à mai, les livraisons ont reculé de 2,1 % par rapport à la même période en 2022.
Décapitalisation du cheptel
« La Normandie et les Hauts-de-France sont les seules régions à voir leur collecte progresser, respectivement de 1 % et 0,7 % », observe Christine Goscianski, agroéconomiste à l’Idele. Au contraire, la production de lait de vache décline fortement en Bretagne (–3,1 %), dans les Pays de la Loire (–4,3 %) et dans le Sud-Ouest (–8 %). Si la qualité des fourrages a pénalisé certains secteurs, ce repli s’explique surtout par la décapitalisation du cheptel. Au 1er juin 2023, l’effectif de vaches laitières était de 2,3 % inférieur à 2022.
Du côté de la paie de lait, le montant de la facture baisse plus modérément en France que dans les autres grands bassins de production européens. « Plusieurs explications peuvent être apportées, poursuit Christine Goscianski. Tout d’abord, les produits laitiers ont été préservés de la baisse des prix en 2023 en grande distribution grâce à la loi Egalim. Les transformateurs français sont aussi moins positionnés sur l’exportation de commodités. »
En mai 2023, le prix du lait standard (38/32) toutes qualités confondues s’établissait en moyenne à 449 €/1 000 l en France. C’est une baisse de 6 € sur un mois, mais un bond de 22 € par rapport à mai 2022. La marge Ipampa (1) sur coût total indicé (Milc) était pour sa part estimée à 138 €/1 000 l. Elle recule de 9 € sur un mois, « sous l’effet de la baisse du prix du lait malgré une réduction des charges », mais progresse de 20 € sur un an, « grâce à la hausse du produit lait, les autres produits et les charges étant stables ».
Solde commercial en progrès
Sur le volet commercial, les voyants semblent au vert. Sur les cinq premiers mois de l’année, les exportations françaises sont en hausse de 22 % pour la crème, de 8 % pour les yaourts, et de 9 % pour les poudres de lait infantile ainsi que pour la poudre de lait écrémé. La tendance est inverse pour les autres produits laitiers, en particulier les fromages (–6 %).
En parallèle, « à l’exception des poudres de lait, des laits infantiles et du lactosérum, les importations de produits laitiers sont en hausse », rapporte l’Idele. Pour autant, le solde commercial français des produits laitiers s’est amélioré de 5 % en valeur par rapport aux cinq premiers mois de 2022. Il atteint +1,32 milliard d’euros.
(1) Indice des prix d’achat des moyens de production agricole.
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