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Les marchés des engrais sont particulièrement nerveux

Les bouleversements sur la scène géopolitique et règlementaire sont tels que pour l’heure, la majorité des prix des engrais conserve une prime de risque.

Taxes russes, mécanisme d’ajustement carbone aux frontières ou encore situation au Moyen-Orient rendent les marchés des engrais extrêmement volatils et emprunts d’une certaine fermeté.

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Les marchés des grains ne sont pas les seuls concernés par les bouleversements géopolitiques et réglementaires. Dans le tumulte actuel, les prix des engrais sont également touchés par une importante volatilité. La nervosité qui avait gagné le marché des engrais après le conflit en Ukraine avait mis en avant le caractère incertain de ce secteur. Désormais, c’est la situation au Moyen-Orient qui est sous le feu des projecteurs et ce, pour plusieurs raisons.

Premièrement, ce sont les flux de gaz dans la zone qui ont inquiété puisque le désormais tristement célèbre détroit d’Ormuz concentre plus de 30 % des échanges mondiaux de gaz naturel liquéfié. Cette matière première est essentielle à la fabrication d’engrais et représente plus de 80 % du coût de production de l’ammoniac. C’est dire si le moindre ralentissement des échanges peut avoir un impact direct sur le prix des engrais.

Prime de risque

Dans le même temps, le Moyen-Orient exporte environ 22 millions de tonnes (Mt) d’urée par an, soit 40 % des échanges mondiaux. Et à elle seule, l’Iran compte pour un quart. Toutes les inquiétudes se sont donc concentrées dans cette région puisque Bahreïn, l’Arabie Saoudite, le Qatar ou encore les Émirats arabes unis voyaient le potentiel blocage du détroit comme une halte aux flux au départ de cette région. 

Dans le même temps, l’Égypte, qui concentre 8 % du commerce mondial, réduisait, voire arrêtait ses usines de production en raison d’une crainte de pénurie de gaz. Il n’en fallait pas plus pour que les cours des engrais s’envolent, à l’image de la solution azotée Fob Rouen qui est passée de 280 €/t à la mi-mai à 330 €/t un mois plus tard. Désormais, les négociations autour du cessez-le-feu créent une accalmie pour les opérateurs bien que pour l’heure, les prix ne prennent pas la hauteur de l’évènement. Le risque d’un nouvel embrasement est tel que les cours conservent une certaine prime de risque.

Taxes sur les engrais russes

Dans le même temps, la réglementation européenne a bouleversé les équilibres. Pour cause en mai dernier, la Commission européenne a statué sur le sort réservé aux importations d’engrais en provenance de la Russie. Alors que la zone unique s’approvisionne encore pour près de 20 % en Russie, les importations sont désormais taxées. Ces taxes s’appliqueront de manière progressive et s’ajouteront aux 6,5 % déjà en place depuis plusieurs années pour d’autres fournisseurs.

Des produits comme l’urée ou la solution azotée se verront appliquer un surcoût de 40 €/t entre juillet 2025 et juin 2026 pour grimper à 60 €/t entre juillet 2026 et juin 2027, puis 80 €/t l’année suivante pour culminer à 315 €/t dès juillet 2028. Naturellement, un tel tarif vient de facto suspendre totalement les importations en provenance de la Russie. Gageons que d’ici là, l’industrie européenne aura remis en fonctionnement certaines usines jusqu’alors à l’arrêt, faute de compétitivité vis-à-vis des engrais russes.

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