Les marchés des céréales et des oléagineux restent chahutés
La morosité reste de mise sur les marchés des céréales comme sur ceux des oléagineux en cette année de récolte abondante sur la scène internationale.
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Alors que le prix du maïs cède à la pression récolte, celui du blé tente de tenir bon grâce au retour de la demande internationale. Les cours du colza finissent par rejoindre la baisse déjà présente sur les autres graines oléagineuses ces dernières semaines.
Une semaine sous pression, mais la demande en blé refait surface
Le marché du blé a connu une semaine agitée, sous l’effet d’une pression baissière persistante sur les prix. Le repli hebdomadaire des cours est toutefois limité à 1 €/t, pour s’établir à 187,50 €/t en rendu Rouen, selon Argus Media.
Le rapport trimestriel de l’USDA a accentué la morosité à la Bourse de Chicago. Les stocks de fin de campagne de maïs américain au 1er septembre 2025 sont évalués à 38,9 millions de tonnes contre 33,7 millions de tonnes précédemment prévues par l’USDA. Soit 5,2 millions de tonnes de plus dans le bilan, ce qui pèse aussi sur les cours du blé. Ces derniers subissent également la surprise d’une révision à la hausse de la production américaine de 2025 de 1,6 million de tonnes à 54 millions de tonnes. De quoi alourdir un marché mondial des céréales déjà fragilisé par des disponibilités abondantes. Et tout cela à l’aube d’une récolte pléthorique de blé dans l’hémisphère Sud. C’est en tout cas le sens des dernières déclarations de la Bourse de Buenos Aires, laquelle anticipe une récolte argentine de 22 millions de tonnes, proche des records grâce à des conditions culturales exceptionnelles.
Toutefois, la demande refait surface. Après l’Iran puis l’Algérie, c’est cette semaine l’Arabie Saoudite qui revient aux achats. Cela soutient les prix en mer Noire, qui progressent sur la semaine à leur plus haut niveau depuis la fin d'août. Le renforcement des tensions géopolitiques dans la région contribue également au raffermissement des cours.
Dans ce contexte, les efforts de compétitivité du blé français semblent payer, avec des ventes probables cette semaine vers le Maroc et des rumeurs en direction de l’Égypte, voire de l’Asie.
En orge, l’exportation en fourragère comme seul soutien
La morosité actuelle n’épargne pas le marché des orges dont les cours se replient de 3 €/t sur la semaine tant en qualité fourragère à 181 €/t base juillet rendu Rouen, qu’en qualité brassicole à 180 €/t base juillet Fob Creil sur la variété Planet.
Le marché brassicole demeure particulièrement encombré faute de demande suffisante tant sur le marché européen qu’à l’exportation vers les pays tiers. La consommation de bière est en berne. Les industriels du malt et de la bière cherchent déjà à écouler leurs stocks avant de songer à de quelconques achats complémentaires.
Si la pression de la récolte qui s’intensifie sur le marché du maïs entraîne les autres céréales fourragères à la baisse dans son sillage, quelques soutiens restent présents du côté de l’exportation pour les orges fourragères. La Turquie est ainsi revenue aux achats après deux ans d’absence pour 255 000 tonnes. Autant d’orges mer Noire qui n’arriveront pas sur la Méditerranée pour concurrencer l’origine française.
Les chargements restent d’ailleurs actifs pour des destinations peu ou pas présentes ces dernières années telles que le Qatar, l’Arabie Saoudite et la Libye. La prime de l’orge fourragère en rendu Rouen se maintient ainsi à proximité de ses plus hauts de campagne à –2 €/t sous le blé Euronext. Le marché est toutefois en manque de nouvelles affaires vers la Chine.
En colza, reprise de la baisse
Le prix du colza souffre à nouveau. Les cours accusent un recul de 10 €/t sur la semaine avec un retour sur leur point bas observé en septembre autour des 460 €/t Fob Moselle. Après l’embellie des trois dernières semaines, l’horizon s’assombrit encore sur la graine européenne. Il faut dire qu’elle faisait exception. Le soja américain et le canola canadien se sont en effet repliés depuis la mi-septembre. Le colza, atteignant des écarts de prix historiquement élevés avec ces deux derniers, finit par corriger à la baisse.
Autre élément de pression baissière : la résolution cette semaine de l’imbroglio autour des taxes à l’exportation en Ukraine. Les autorités du pays viennent de statuer sur la documentation nécessaire pour pouvoir exporter avec ou sans taxes selon que l’on est producteur ou non. Ainsi, les flux au départ de l’Ukraine, jusqu’alors extrêmement ralentis, vont pouvoir s’accélérer dans les prochaines semaines, avec pour destination privilégiée l’Union européenne.
Dans un contexte d’offre de colza redevenue abondante tant en Europe que sur la scène internationale, seule la fermeté des huiles végétales apporte du soutien. Le manque de production de tournesol pour la deuxième année consécutive en Europe et en Ukraine dope les cours de l’huile de tournesol, et l’huile de colza se présente en substitut de choix. De son côté, l’huile de palme peine à concrétiser une réelle détente des prix car, si ses disponibilités sont lourdes à court terme, les principaux opérateurs du secteur s’attendent à davantage de tensions dans les mois à venir sur ce produit.
Donald Trump relance de l’optimisme sur le soja américain
Concentré dans les mains de quelques pays, le marché du soja reste à la merci des risques et des décisions politiques. Après l’épisode inédit des ventes flash en Argentine, place cette semaine au retour de Donald Trump et de ses messages percutants. Le président américain a ainsi écrit sur son réseau social qu’il allait rencontrer, dans quatre semaines, son homologue chinois Xi Jinping et qu’il aborderait spécifiquement le sujet des exportations de soja américain vers la Chine. Une annonce suffisante pour alimenter un rebond des cours du soja à la Bourse de Chicago, même si l’optimisme reste mesuré. Les ventes américaines, étoffées vers le reste du monde, restent au point mort vers la Chine sur la nouvelle campagne.
Aux États-Unis, le marché avance désormais à l’aveugle en raison de la suspension des publications de l’USDA pour cause de « shutdown » et de gel des budgets fédéraux. Sans chiffres disponibles quant aux exportations, les fonds semblent jouer la prudence avec des rachats de positions à la Bourse de Chicago.
Sur le marché portuaire européen, les affaires s’activent jusqu’en 2026 depuis l’annonce par la Commission européenne du report d’un an supplémentaire du règlement RDUE sur la déforestation. Les cours du tourteau de soja sur le rapproché ne reculent que très légèrement durant la semaine, perdant 1 €/t à 308 €/t rendu Montoir.
(1) Argus Media, société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières, nous livre son analyse agricole hebdomadaire.
(2) À suivre : négociations commerciales et tarifaires entre les États-Unis et la Chine ; évolution de la parité euro/dollar ; activité de chargement et de ventes à l’exportation au départ de la France en blé et en orges ; récoltes de maïs en Europe et aux États-Unis ; politique de biocarburants aux États-Unis
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