Devant la presse, la commissaire européenne en charge à l’environnement Jessika Roswall a justifié ce nouveau report par des difficultés opérationnelles pour mettre en place le « système informatique » de surveillance des forêts. L’annonce de Bruxelles suit de quelques heures la conclusion d’un accord de libre-échange avec l’Indonésie, très critique envers cette législation européenne, qui vise à interdire la commercialisation en Europe de produits comme l’huile de palme, le cacao, le café, le soja, et le bois quand ils proviennent de terres déboisées après décembre 2020.

Un nouveau « coup de tronçonneuse » pour les ONG

Cette loi était également dénoncée par les États-uniens de Donald Trump, qui ont scellé un accord commercial avec l’Union européenne fin juillet. La proposition de report va être soumise aux États membres et au Parlement européen, où elle pourrait obtenir le soutien de la droite et de l’extrême droite. Et elle est perçue par les organisations environnementales comme un nouveau « coup de tronçonneuse » dans les forêts. « C’est une très mauvaise surprise », a réagi Anke Schulmeister — Oldenhove de l’ONG Fonds mondial pour la nature (WWF). « C’est le deuxième report » et l’argument technique invoqué « pose question ».

En 2024, l’Union européenne avait déjà reporté d’un an l’entrée en vigueur de cette loi qui suscite une levée de boucliers des milieux d’affaires de l’agrobusiness et de nombreux États africains, asiatiques et américains. Au sein des 27, plusieurs pays européens poussaient aussi pour réviser ou reporter cette législation, dont l’Italie et l’Autriche, critiquant les « exigences imposées aux agriculteurs et sylviculteurs élevées voire impossibles à mettre en œuvre ».

Ces États plaident pour créer une catégorie de pays à risque nul en matière de déforestation et qui pourraient être exemptés d’obligations et de contrôles. Le ministre allemand de l’Agriculture, Alois Rainer, leur avait apporté son soutien en mai dernier. Avec cette loi, les entreprises importatrices devront prouver que les produits ne proviennent pas de terres déboisées récemment, via des données de géolocalisation fournies par les agriculteurs, associées à des photos satellitaires, une « usine à gaz » selon ses détracteurs.

À cause de difficultés informatiques

Mardi, la commissaire européenne Jessika Roswall a évoqué des difficultés informatiques « étant donné la quantité d’informations que nous mettons dans le système ». Mais elle a assuré que Bruxelles continuerait à défendre cette loi. « Nous avons travaillé dur pendant de nombreuses années », sur ce texte, « une initiative clé » et « nous restons très engagés à continuer à lutter contre la déforestation », a-t-elle affirmé.

Confrontée à la concurrence chinoise et à la hausse des droits de douane aux États-uniens, l’Union européenne a entamé un virage pro business ces derniers mois. Et les ONG s’alarment d’un détricotage en règle du Pacte vert, le « Green Deal », une série de lois environnementales adoptées pendant le précédent mandat. Le contexte politique a changé depuis les élections européennes de juin 2024 avec le renforcement de la droite et la poussée de l’extrême droite au Parlement européen.