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L’Algérie et la Chine boudent le blé français

À la fin d'août 2025, Argus Media projetait un stock de fin de campagne de 2025-2026 du blé tendre français à 4 millions de tonnes, un record depuis la campagne de 2004-2005.

Avec la perte du débouché algérien et le repli drastique de l’appétit chinois, les ventes de blé français vers les pays tiers devraient rester relativement modestes en 2025-2026 par rapport aux volumes exportables. Conséquence, le stock de fin de campagne devrait nettement s’alourdir.

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Pendant la campagne de commercialisation de 2025-2026, la France pourrait n’exporter vers les pays tiers « que » 8 des 9,5 millions de tonnes de blé tendre disponibles pour ce débouché, selon les projections d’Argus Media présentées le jeudi 28 août 2025 lors d’une conférence de presse. Pourquoi ? À cause notamment, de la perte de deux des principaux débouchés du blé tricolore : l’Algérie et la Chine. Le cabinet s’attend à un report de ce manque à exporter sur le stock de fin de campagne qui grimperait à 4 millions de tonnes, son plus haut niveau depuis la campagne de 2004-2005.

Pour rappel, l’Algérie a progressivement réduit ses achats de blé français depuis l’ouverture de son cahier des charges en 2020 à d’autres qualités. Le pays était tout de même resté l’un des principaux clients de la France avec près de 2 millions de tonnes importées jusqu’aux tensions diplomatiques de 2024-2025. Depuis, il n’achète plus de grains français. Sans amélioration des relations en vue, Argus Media anticipe une nouvelle campagne sans achat algérien.

Économie chinoise ralentie

« L’Algérie reste un pays importateur, a nuancé Gautier le Molgat, directeur général d’Argus Media. Il y a toujours des origines européennes qui peuvent alimenter ce débouché, [ce qui pourrait] équilibrer le marché européen. Mais on voit aussi que la Russie [y prend de plus en plus de place] et qu’elle cherche des parts de marché sur toute la zone. »

La Chine, destination majeure du blé tricolore depuis 2019-2020, a été bien moins présente sur les marchés depuis 18 mois. « Il y a toujours une certaine opacité en Chine, a rappelé Maxence Devillers, analyste chez Argus Media. Mais on sait que l’économie y tourne au ralenti et qu’elle dispose d’une production plutôt bonne ces dernières années. » C’est pourquoi Argus Media ne table pas sur un rebond significatif des achats chinois de blé français pendant la campagne de commercialisation de 2025-2026, avec seulement 0,5 million de tonnes.

Maroc et Afrique subsaharienne

Argus Media compte en revanche sur le Maroc et l’Afrique subsaharienne pour importer respectivement 2,5 et 2,4 millions de tonnes de blé tendre français en 2025-2026. « L’origine française a été compétitive et reste modérément compétitive à l’heure actuelle, ce qui pourrait également permettre un retour du débouché égyptien avec un peu moins de 1 million de tonnes, a estimé l’analyste. Hors coût du transport, « on est actuellement dans un mouchoir de poche entre les prix des origines françaises et mer Noire », a expliqué Gautier Le Molgat à l’AFP.

« Nous tablons ensuite sur d’autres destinations plus habituelles, notamment vers l’Asie du Sud-Est », a repris Maxence Devillers. « En août, les exportateurs français [ont conclu] des ventes vers l’Afrique du Nord […] et même vers l’Asie du Sud-Est », rapportait par exemple l’AFP le 27 août.

6,8 millions de tonnes vers l’Union européenne

Vers l’Union européenne, Argus Media parie à date sur 6,8 millions de tonnes de blé français exportées. Les ventes intracommunautaires « restent assez soutenues depuis maintenant deux ans, a constaté Maxence Devillers. Le manque de maïs en Europe pourrait insuffler une nouvelle demande pour du blé [fourrager] français, mais l’Hexagone n’est pas le seul pays européen à renouer avec une bonne production de blé » et les bilans mondiaux de blé et maïs restent assez lourds.

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