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La hausse de l’euro pèse sur les prix du blé

À l'exportation, le blé européen est pénalisé par la hausse de la parité entre l'euro et le dollar.

Le contexte économique mondial a récemment provoqué une réévaluation brutale des équilibres monétaires, avec comme conséquence un repli des cours du blé sur le sol européen.

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Depuis le début des tensions commerciales déclenchées par les États-Unis, le dollar enregistre une dépréciation majeure. Ce recul ne s’explique pas uniquement par les effets directs de la politique douanière américaine, mais aussi par un climat d’inquiétude grandissant chez les investisseurs. Ceux-ci anticipent un ralentissement de la croissance économique et une poussée inflationniste aux États-Unis, et réduisent leur exposition aux actifs libellés en dollars. Ces mouvements de capitaux vers d’autres zones économiques exercent une pression baissière sur la devise américaine et soutiennent mécaniquement les autres grandes monnaies, au premier rang desquelles l’euro.

Accélérateur de la pression baissière

Depuis le mois de janvier, la monnaie européenne s’est ainsi appréciée de près de 10 % par rapport au billet vert. La parité atteint désormais des niveaux qui n’avaient plus été observés depuis trois ans. Cette dynamique a des conséquences directes sur les marchés agricoles du Vieux Continent, en jouant un rôle d’accélérateur de la pression baissière actuelle.

Évolution de la parité de l'euro par rapport au dollar en 2025.

Si les cours mondiaux du blé exprimés en dollars se replient légèrement depuis le début de l’année, la hausse de l’euro provoque une baisse beaucoup plus significative des prix exprimés en euros. Depuis le début d'avril, cette seule évolution de la parité explique une grande partie du repli observé sur Euronext.

Sur le marché du blé, les cours ont cédé près de 20 euros par tonne, contre seulement 10 dollars par tonne, dans le même temps, sur le marché international. Ce phénomène met en difficulté les exportateurs européens, qui doivent composer avec une compétitivité réduite.

Évolution du prix du blé sur l'échéance rapprochée d'Euronext entre mars et mai 2025.

Malgré la baisse progressive des disponibilités de blé russes en cette fin de campagne, la France éprouve des difficultés à placer ses volumes sur les marchés mondiaux. La faiblesse actuelle de la demande internationale limite la revalorisation des prix. En Chine, les importations de blé, qui avaient atteint un niveau exceptionnel de 14 millions de tonnes l’an dernier, sont attendues autour de seulement 4 millions de tonnes cette année.

La Turquie, autre importateur mondial majeur, réduit également ses achats de plus de 60 % depuis le début de l’année. Dans ce contexte, les prix européens évoluent désormais à des niveaux proches de ceux enregistrés il y a plus de deux ans.

Nouvelle récolte en approche

À l’approche des récoltes dans l’hémisphère Nord, les risques climatiques s’amenuisent, mais restent présents. Ils constituent l’un des rares facteurs susceptibles de provoquer un retournement de marché à court terme. À ce stade, les fonds spéculatifs continuent de renforcer leurs positions vendeuses, accentuant la pression sur les cours.

Tout événement climatique imprévu pourrait déclencher un rachat massif de ces positions et, par effet de levier, redonner momentanément de la fermeté au marché, malgré le contexte monétaire actuellement défavorable.

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