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Le marché de la bière plombé par la météo et l’inflation

Premier pays producteur d'orge brassicole européen, la France reste aussi le premier en termes de brasseries (2 500 sur les 12 848 en activité en Europe).

Débouché important de l’orge brassicole et du malt, le marché de la bière essuie en France un recul de 3 % des volumes en 2024. Relativement nouveau, le débouché du whisky français se développe.

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Premier pays producteur d’orge brassicole européen, la France reste aussi le premier en termes de brasseries (2 500 sur les 12 848 en activités en Europe), devant l’Allemagne et le Royaume-Uni, « malgré un contexte économique difficile », souligne Magali Filhue, déléguée générale de Brasseurs de France, le 3 avril 2025 à Orléans (Loiret) lors du colloque sur les orges brassicoles.

Hausse des coûts de production

Le marché brassicole, tant au niveau européen que français, n’a pas retrouvé ses volumes de 2019. « Depuis la crise du Covid puis la crise inflationniste, les coûts de production ont fortement augmenté, de l’ordre de +20 à +25 % (énergie, emballages, transport, logistique), dans un marché en baisse, avec un consommateur qui a aussi subi l’inflation et rétrécit son panier. »

Météo maussade et période inflationniste… En 2024, pour la deuxième année consécutive, le marché français de la bière est en baisse, avec un recul de 3 % des volumes sur un an (–3,3 % en grande distribution et entre –2,5 et –3 % dans les cafés, hôtels et restaurants). « On a à la fois un contexte géopolitique inquiétant pour les Français, et le printemps 2024 a été particulièrement pluvieux. La bière reste un produit dépendant de la météo, malgré nos efforts pour la désaisonnaliser », insiste Magali Filhue.

Davantage de fermetures que d’ouvertures de brasseries

Pour la première fois, le secteur a connu davantage de fermetures de brasseries (80 en 2024 contre 30 en 2023) que d’ouvertures. Les ventes en hyper- et supermarchés et magasins de proximité ont diminué dans l’ensemble des grandes régions de France, et en particulier en Île-de-France (–5,2 % en 2024 par rapport à 2023). 

« La météo et les Jeux olympiques (JO) n’ont pas aidé, avec un certain nombre de Parisiens qui a fui Paris », justifie la déléguée générale de Brasseurs de France. Cette dernière estime que « l’effet des JO » sera plutôt visible l’année prochaine, car il encouragera le tourisme. « Lors des JO de Londres, on avait constaté un rétrécissement de la consommation dans les bars et restaurants, et un redéveloppement l’année d’après », ajoute-t-elle.

Parmi les tendances pour 2025, elle note l’ouverture de brasseries sous forme de « brewpubs », des bars avec production et consommation sur place. « C’est un phénomène qui se développe, plus professionnalisé, et qui permet de maintenir la marge », décrit Magali Filhue. Enfin, sont à noter une hausse du marché de la bière sans alcool (+0,5 % sur un an en grande distribution), et le développement de la canette, qui représente aujourd’hui un quart des bières vendues.

Le whisky français, un débouché en développement

Bien que beaucoup plus restreint que la bière, un nouveau débouché commence à se développer en France : celui du whisky. « En 2024, on dénombre 130 distilleries et 37 assembleurs en France », estime François Viguier, de la Fédération du whisky de France. L’organisation, créée en 2016, compte 65 adhérents.

La production de whisky est relativement « jeune » dans l'Hexagone. Si la première distillerie date de 1984 en Bretagne, leur nombre a explosé depuis les années 2010. « De nombreuses petites productions commencent à apparaître. C’est un marché très concurrentiel, détaille François Viguier. Ce n’est pas une filière de longue tradition : des producteurs arrivent avec leur vision, très éloignée du whisky écossais. On est plutôt sur des whiskys de haut de gamme et premium. »

Il note une volonté des producteurs de s’approvisionner en malt français sur leurs territoires. « On estime que cinq sixièmes de la matière première utilisée est de l’orge brassicole maltée, le reste étant d’autres céréales (maïs, sarrasin, seigle) », précise François Viguier. Selon une enquête en 2023 auprès de 30 principaux producteurs de la fédération, la filière française de whisky représente 5 000 tonnes de malts par an.

Tous whiskys confondus, le marché est en baisse en France, comme celui de la bière. « Le whisky japonais et le whisky français sont les seuls volumes en progression », relève-t-il. Le whisky français représentait 0,7 % du marché en grande distribution en 2024, et 0,6 % en café, hôtel et restaurant (CHR) en 2023. Une indication géographique « Whisky de France » est en cours de construction.

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