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La politique commerciale américaine anime les cours du maïs et du soja

L’instabilité géopolitique règne sur le marché des matières premières agricoles, ajouté aux inquiétudes climatiques.

Les tensions commerciales entre les États-Unis et ses principaux partenaires commerciaux semblent pour l’instant épargner les produits agricoles, même si les négociations à venir sont susceptibles de rebattre les cartes.

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Les semaines passent et Donald Trump continue de surprendre. À ces craintes géopolitiques, s’ajoutent celles des conditions météo en Amérique du Sud, qui n’épargnent pas les cultures de maïs et soja. Ces nouveaux éléments directeurs inciteront d’autant plus les opérateurs à suivre tous réajustements des bilans du ministère américain de l’Agriculture (USDA) ce mardi 11 février 2025.

Le calme laisse de nouveau place au doute pour le blé français

L’instabilité géopolitique règne sur le marché des matières premières. Après avoir accordé une période de trente jours au Mexique et au Canada avant la mise en place de droits de douane à l’importation de 20 %, Donald Trump se heurte à la réponse de la Chine. Xi Jinping a donc rétorqué aux sanctions américaines par la mise en place à son tour d’une taxation des énergies et autres produits non agricoles en provenance des États-Unis. Ainsi, après avoir chuté sur son niveau le plus bas depuis septembre 2022 à 1,0200, la parité de l'euro par rapport au dollar rebondit en milieu de semaine pour s’approcher de nouveau des 1,0400.

À l’heure où le blé français pensait enfin trouver la solution à son manque d’exportation, ce facteur vient en partie pénaliser sa progression des dix derniers jours. En toile de fond, le manque de demande pour l’origine française reste à cinq mois de la fin de la campagne le point nerveux du marché à court terme. La demande marocaine en plus d’être limitée ces dernières semaines est courtisée par d’autres origines comme l’Argentine. Ainsi, le blé rendu Rouen base juillet cède au cours de la semaine 2 €/t et évolue désormais à 228 €/t.

Parmi les autres pays importateurs, la Chine absente depuis plusieurs mois sera également à surveiller. L’Australie se positionne de ce côté comme un exportateur crédible pour cette destination sur le long terme. De plus, quelques incertitudes planent toujours autour de la récolte australienne de 2024 qui pourrait être sous-évaluée. Les opérateurs seront donc attentifs à la publication de l'USDA du 11 février prochain qui pourrait procéder à des réajustements sur le bilan mondial en blé.

Le maïs américain gagne en fermeté

Le maïs français se stabilise cette semaine à 208 €/t rendu Bordeaux, bien ancré dans le canal 205-210 €/t en place depuis maintenant un mois. Cette amplitude limitée retranscrit davantage la situation européenne qu’internationale. En effet, les problèmes de qualité présents sur le maïs européen et notamment français pénalisent toujours son utilisation auprès des fabricants d’aliments du bétail.

Pour autant, un regain de fermeté s’empare peu à peu de la scène internationale. Le maïs américain revient à plus de 225 $/t Fob Golfe, soit un niveau de prix abandonné depuis le mois de juillet dernier, outre un bref retour au mois d’octobre. Il faut dire que le maïs américain est très sollicité à l’échelle internationale, comme en témoigne la nouvelle bonne vente à l’exportation hebdomadaire de près de 1,48 million de tonnes.

Pour autant, quelques doutes se sont immiscés dans la tête des exportateurs américains. Le renforcement des droits de douane américains à l’encontre du Mexique et de la Chine laissait craindre un ralentissement des flux agricoles américains. Depuis, la riposte tarifaire pour l’instant limitée de la Chine et le report d’un mois des mesures douanières ciblant le Mexique soulagent les opérateurs. À l’heure où l’USDA table sur des exportations américaines à 62,2 millions de tonnes, il sera donc intéressant de suivre la mise à jour de ce chiffre le 11 février.

Face à cela, les importateurs internationaux se questionnent sur les disponibilités à venir en maïs d’Amérique latine. En raison du manque de précipitations, seules 25 % des surfaces de maïs en Argentine sont en bon ou excellent état, contre 31 % l’an passé. Au Brésil, la récolte des sojas prend du retard, ce qui repousse mécaniquement les semis de maïs safrinha. S’il est encore tôt pour acter d’une baisse de rendement, un semis tardif expose davantage la seconde partie du cycle cultural à la saison sèche brésilienne.

Des précisions à venir sur le complexe oléagineux

Il faudra attendre la semaine prochaine pour voir les principales informations tomber sur le marché des matières premières. Dans la liste des événements attendus, la mise en place de taxes à l’importation de la part de la Chine contre les énergies et produits non agricole américain pourrait être actée le 10 février prochain. Ces incertitudes poussent au changement de comportement de la part des acheteurs chinois également soucieux de la situation sur la production sud-américaine de soja.

Si la récolte brésilienne est attendue sur des niveaux records à plus de 170 millions de tonnes par la Conab et l’USDA, les dégradations de fin de cycle posent question. Pour cette raison, il sera intéressant de suivre le 11 et 13 février prochain les publications des institutions américaines et brésiliennes.

Enfin, pour clôturer ce tour d’horizon des composantes du complexe oléagineux, le bureau malaisien actualisera son estimation de stocks et d’exportation de palme pour le mois de janvier. Fort de ces incertitudes aussi bien sur l’état actuel des disponibilités que des futurs débouchés, l’huile de palme rebondit en fin de semaine à 4 500 MYR/t.

C’est donc au sein de cette période de flottement à l’échelle internationale que la graine de colza trouve un point d’équilibre au-dessus des 520 €/t Fob Moselle. La tendance en cette fin de semaine, qui restera tout de même à confirmer sur le marché du palme, rappelle son important soutien que ce produit a pu apporter au colza au cours du dernier trimestre de l’année 2024.

Le soja entre craintes géopolitiques et climatiques

La politique commerciale du nouveau président américain ne manque pas d’animer le marché du soja. En particulier, après avoir mis en place des nouveaux droits de douane de 10 % sur tous les produits chinois, la réponse de l’empire du Milieu était particulièrement attendue. La riposte chinoise est pour l’instant limitée, avec des taxes à l’importation sur certains produits des États-Unis comme le pétrole brut ou le gaz naturel. Par contre, le secteur agricole est pour l’instant épargné à l’exception du matériel agricole, ce qui rassure tous les opérateurs. Tous les doutes ne sont pas autant levés, et les prochaines négociations entre les deux présidents seront une fois de plus source de volatilité.

Outre ces inquiétudes géopolitiques, le marché du soja n’est pas non plus épargné des inquiétudes climatiques. Si une récolte record est toujours attendue au Brésil à 169 millions de tonnes par l’USDA, chiffre que pourrait réviser l’office américain dans son prochain rapport, les précipitations continues retardent la récolte.

Au Mato Grosso, seules 12 % des surfaces ont été battues au 31 janvier, ce qui est bien loin des 25 % de moyenne et des 39 % de l’an passé à cette date. Encore 5 à 10 mm de pluie sont attendus quotidiennement sur la zone au cours des quinze prochains jours. Ainsi, la mise à disposition des volumes de soja est repoussée, tant pour la scène internationale que pour la trituration locale, ce qui contribue à apporter un peu de tension à la soudure brésilienne.

Plus au Sud, c’est au contraire un temps trop sec et trop chaud qui continue de dégrader les conditions de culture. Quelques précipitations recensées cette semaine sont encore trop insuffisantes pour soulager les producteurs argentins. Selon la Bourse de Buenos Aires, 17 % seulement des surfaces sont en bon ou excellent état contre 31 % l’an passé.

Dans ce contexte et alors que les importations de soja sont attendues à un niveau record cette année en Europe pour répondre aux besoins des triturateurs européens, le prix du tourteau de soja délivré Montoir gagne 5 €/t, à 377 €/t sur le spot pour renouer avec les plus hauts depuis un mois.

(1) Argus Media, société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières, nous livre son analyse agricole hebdomadaire.

À suivre : Négociations commerciales entre les États-Unis et le Mexique, le Canada et la Chine ; rythme des exportations de maïs américain ; réglementations sur les incorporations d’huiles dans les biocarburants aux États-Unis ; conditions des cultures du maïs et du soja en Argentine ; progression de la récolte de soja et des semis de maïs safrinha au Brésil ; flux d’importations de maïs et colza en Europe ; compétitivité du blé français ; conditions de culture des blés en hémisphère Nord ; rythme de la demande internationale en blé ; rapports à venir (USDA, Conab, MPOB) ; évolution de la parité de l'euro par rapport au dollar.

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