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Le marché des céréales ballotté au gré des déclarations de Trump

L'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche et ses dernières déclarations entraîne une forte volatilité sur les marchés des céréales à l'échelle mondiale.

L’instabilité de la politique douanière américaine, dictée par les déclarations de Trump et de la Maison Blanche, entraîne une forte volatilité des marchés agricoles mondiaux.

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Un jour oui, un jour non : l’incertitude quant à la politique douanière des États-Unis, qui évolue au gré des déclarations de Donald Trump et de la Maison Blanche, a apporté une « extrême volatilité » sur les marchés agricoles mondiaux. En 24 heures, les cours du blé à la Bourse de Chicago sont passés de 5,3550 à 5,4525 dollars le boisseau (environ 27 kg) mardi 28 janvier 2025, un net rebond de près de 2 % après une chute tout aussi vertigineuse la veille.

Sur le marché européen, la céréale du pain a oscillé ces derniers jours, chutant sous les 224 euros la tonne lundi pour rebondir à 232 euros mercredi 29 janvier en séance, effaçant toutes les pertes de la semaine. « Cela fait à peine plus d’une semaine que Trump est revenu à la tête des États-Unis, et on a une volatilité quotidienne très forte sur le marché des grains qui ne sait pas sur quel pied danser », a relevé Sébastien Poncelet, analyste d’Argus Media France.

Avertissement colombien

« On est possiblement à la veille de voir les cartes totalement rebattues sur les marchés internationaux en fonction des politiques de droits de douane de l’administration Trump. Et ça, ça tient en alerte et en émoi tous les marchés », a constaté Sébastien Poncelet. « La pression baissière sur le marché » découle des « menaces de droits de douane que les États-Unis pourraient imposer au Mexique [premier client du maïs américain] et au Canada dès samedi », a commenté auprès de l’AFP Michael Zuzolo, du cabinet Global Commodity Analytics and Consulting.

Après avoir brandi la menace d’une surtaxe de 25 % sur les produits en provenance de ces deux pays (en dépit de l’accord commercial qui les lie aux États-Unis), puis laissé dans le flou la date d’entrée en vigueur de ces mesures, la nouvelle porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a confirmé mardi la volonté du président américain de les appliquer dès le 1er février.

Michael Zuzolo dit « prendre très au sérieux » ces menaces « si des négociations n’aboutissent pas au cours des trois ou quatre prochains jours ». Une menace jugée d’autant plus crédible que Donald Trump n’a pas hésité à la brandir contre la Colombie si Bogota refusait de rapatrier des migrants colombiens expulsés des États-Unis. « La Colombie n’est pas le pays qui achète le plus de céréales américaines » et ce conflit a été réglé en quelques heures, mais « cela nous a montré que le président Trump était prêt à mettre à exécution la menace d’imposer des droits de douane », a souligné Dewey Strickler, d’Ag Watch Market Advisors.

Ce « jusqu’au-boutisme a effrayé les marchés des matières premières agricoles […] », faisant refluer les cours, a noté Sébastien Poncelet. Mais, ajoute cet analyste, « on sent aussi qu’il y a des fonds qui ont de l’appétit pour les grains dans une logique de couverture contre l’inflation » qui pourrait monter dans le contexte d’une politique américaine très protectionniste.

Blé russe « sans direction franche »

Pour le marché du blé, l’autre facteur baissier est la réduction des taxes annoncées en Argentine. « Il ne s’agit pas d’un facteur majeur de perturbation du marché, mais il a […] entraîné une légère baisse des prix », selon Rich Nelson, de la maison de courtage Allendale. Pour la plupart des analystes, le rebond entamé par le blé mardi est essentiellement dû à la vague de froid arctique qui a traversé les États-Unis et qui pourrait avoir un impact sur les rendements.

Sur le marché européen, un autre élément est surveillé : la prochaine mise en place des quotas russes, qui prévoient l’exportation de 11 millions de tonnes de blé au maximum pour la deuxième partie de campagne (du 15 février à la fin de juin, juste avant la nouvelle récolte).

Cette limitation des exportations pourrait favoriser d’autres vendeurs, dont la France qui a une petite récolte à exporter mais dont les line-ups (programmes de chargement portuaires) sont toujours « désespérément vides », selon Damien Vercambre, du cabinet Inter-Courtage.

En attendant, le marché russe évolue « sans direction franche », d’après Sébastien Poncelet : ni très haussier « parce qu’il y a encore des grains à sortir et qu’il y a la concurrence de la récolte australienne », ni très baissier « parce qu’il ne reste pas de très grosses quantités à vendre ».

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