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Les prix des céréales ne parviennent pas à se redresser

La faible demande mondiale en blé et l'arrivée des volumes de maïs en Europe de l'Ouest et aux États-Unis dans les prochains mois rassurent les opérateurs.

À l’heure où les récoltes progressent, la dégradation des potentiels de production de blé et d’orge en Europe ne semblent pour le moment pas suffisants pour inverser la tendance baissière du complexe céréalier.

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Les rendements de céréales moroses en Europe continuent de peser sur les cours alors que les récoltes se poursuivent. Le manque de demande de blé à l’échelle mondiale et l’arrivée des volumes de maïs en Europe de l’Ouest et aux États-Unis dans les prochains mois rassurent les opérateurs. L’Amérique du Nord pourrait être au centre des discussions dans les prochaines semaines, avec le développement toujours surveillé du maïs et du soja américain, mais également du canola au Canada.

Une récolte française décevante

Malgré une certaine volatilité en cours de semaine, le prix du blé ne reprend finalement que + 1,50 €/t sur la semaine, à 221 €/t rendu Rouen. Et pourtant, la récolte française, désormais avancée à hauteur de 67 % des surfaces selon FranceAgriMer, est au cœur de bon nombre de discussions. Avec la plus petite sole du XXIe siècle, la production française pourrait tomber à près de 26 millions de tonnes selon l’AGPB (Association générale des producteurs de blé), un résultat plus vu depuis les années 1980. À présent, il reste à déterminer la qualité du blé français, à l’heure où les échos de moisson font état d’un poids spécifique parfois en dessous des normes de qualité meunière.

Toutefois, cette tension ouest-européenne est compensée par la situation internationale. Bien que la Tunisie ait émis un nouvel appel d’offres pour acheter 125 000 tonnes de blé tendre, la demande mondiale manque de dynamisme. Le blé russe subit l’absence aux achats de ses principaux clients. D’un côté, les importations turques sont bloquées au moins jusqu’en octobre. De l’autre, le Pakistan et le Bangladesh bénéficient d’un bon potentiel de production, réduisant d’autant leur besoin d’importer. Ensuite, le blé américain SRW se montre très compétitif, et se doit de le rester. En effet, la production américaine est meilleure que prévue, renforcée notamment par les bonnes perspectives sur les blés de printemps. Les résultats du crop tour du Wheat Quality Council projettent le rendement du blé de printemps au Dakota du Nord au plus haut depuis 1992, à 3,67 t/ha.

À plus long terme, les regards se tournent peu à peu sur l’hémisphère sud. Si les premières conditions du blé australien rassurent à présent, ce n’est pas le cas en Argentine. Les semis sont désormais terminés après plusieurs semaines de sécheresse. C’est ainsi que la Bourse de Buenos Aires dégrade la part des surfaces en bonnes ou excellentes conditions à seulement 31 %, contre 39 % la semaine précédente.

Vers un rendement record pour le maïs américain

Après être remonté à 215 €/t le 24 juillet, le maïs rendu Bordeaux s’est depuis replié à 202 €/t. Si le support des 200 €/t est pour le moment préservé, les prix sont revenus à hauteur des points bas de fin juin/début juillet. Il faut dire que les déboires climatiques sur les cultures d’hiver en Europe de l’Ouest risquent d’augmenter la part de blé fourrager, ce qui fait logiquement pression sur le maïs européen.

Dans le même temps, les conditions de culture du maïs sont jusqu’à présent rassurantes en France. Leur évolution sera à suivre, et ce d’autant plus après la chute de 3 points cette semaine des surfaces en bon ou excellent état, à 79 %. Plus à l’Est, en Roumanie, Bulgarie, Hongrie et en Ukraine, la vague de chaud et le manque de précipitations se poursuivent, dégradant le potentiel de production de la zone.

Pourtant, c’est du côté du premier producteur mondial de maïs que les opérateurs accumulent le plus de confiance. La fenêtre de risque climatique se referme peu à peu, à l’heure où 78 % des surfaces sont en bonnes ou excellentes conditions, bien loin des 55 % de l’an passé à la même période selon l’USDA (ministère américain de l’agriculture). C’est ainsi que le rendement du maïs américain pourrait dépasser la prévision déjà record de l’office américain à 11,36 t/ha. Face à ces perspectives, les fonds accentuent leur pression vendeuse sur le marché américain.

En parallèle, les récoltes brésilienne et argentine approchent de leur terme, augmentant les volumes disponibles en cette période estivale.

La baisse des huiles en Europe pénalise la graine de colza

La baisse des huiles végétales sur le marché européen pousse la graine de colza à effacer ses gains acquis au cours du mois de juillet. Les menaces qui planent encore en Europe sur l’approvisionnement en graines de colza et tournesol ont poussé les prix de leurs huiles à évoluer en prime par rapport à leurs homologues de soja et de palme. Néanmoins, les huiles de tournesol et de colza à Rotterdam ont été marquées cette semaine par un repli de respectivement -78 €/t et -38 €/t, convergeant ainsi vers 970 €/t.

Ce mouvement baissier est principalement à mettre au crédit du ralentissement de la demande notamment au sein de la filière biodiesel. À court terme, il sera intéressant de suivre la publication du rapport malaisien du MPOB le 12 août. Ce dernier devrait mettre en lumière l’accélération des exportations malaisiennes d’huile de palme en juillet. Celles-ci sont attendues au plus haut des vingt derniers mois. Ainsi, la consolidation des prix de l’huile de palme à Kuala Lumpur, proche des 4 000 ringgits/t, devrait apporter du soutien à l’ensemble du complexe oléagineux.

La graine de colza Fob Moselle tente pour le moment de trouver un point d’équilibre proche des 470 €/t en cette période de récolte en Europe et de risques météorologiques toujours présents au Canada. Le retour des pluies et de températures plus clémentes dans cette zone de production devraient permettre aux conditions de culture de se stabiliser après la forte dégradation de la semaine dernière.

Perspectives de production de soja toujours élevées aux États-Unis

L’accélération baissière au cours du mois de juillet aura laissé des traces sur le marché des tourteaux. En l’espace de quatre semaines, le tourteau de soja délivré Montoir sur le contrat spot a perdu 15 % de sa valeur avant de confirmer un léger rebond sur son support des 400 €/t.

La baisse des prix de la graine de soja à Chicago en est la raison principale. Les conditions de culture sur le soja américain demeurent optimales. Selon l’USDA, 67 % des surfaces sont jugées dans un état bon à excellent, soit 7 points de plus que la moyenne sur cinq ans et 15 points de plus que l’an passé à date. Les perspectives d’un rendement égal voire supérieur à 52 boisseaux/acre se dessinent.

À moins de deux mois de la récolte, la période de risque climatique reste d’actualité mais se dissipe progressivement. Le marché américain pourra profiter prochainement de l’arrivée de ces nouveaux volumes pour maintenir une dynamique de trituration élevée. Celle-ci ralentit légèrement entre le mois de mai et de juin, passant de 5,8 millions de tonnes de graines transformées, à 5,4 millions de tonnes.

Du côté des autres principaux pays producteurs, l’Argentine confirme un troisième mois consécutif à 4 millions de tonnes de graines écrasées. Ainsi, la demande mondiale profite d’une production de tourteaux soutenue chez les principaux pays producteurs.

À suivre : potentiels de production de blé en France et en Europe ; compétitivité du blé français sur le marché mondial ; dégradation des conditions de culture du blé en Argentine suite aux semis ; dynamisme de la demande mondiale de céréales ; estimations de production de maïs aux États-Unis ; accélération des ventes américaines à l’export de maïs et de soja en nouvelle campagne ; dégradation des conditions de culture de maïs et de tournesol en région mer Noire ; retour des pluies au Canada ; potentiels de production de colza en France et en Allemagne ; évolution de la demande sur les huiles végétales ; conditions de culture du soja aux États-Unis.

(1) Argus Media, société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières, nous livre son analyse agricole hebdomadaire.

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