La disponibilité mondiale en blé est meilleure que ce qui était craint
Le marché mondial du blé tendre est tendu. Le ratio stocks/utilisations s’établit autour de 14 %, l’un des plus bas niveaux des quinze dernières années. La Russie perdrait 10 millions de tonnes par rapport à son potentiel de production initial faisant suite à un enchaînement de périodes sèches et de gelées entre la mi-avril et à la fin de mai 2024. La récolte ukrainienne s’établirait, quant à elle, autour de 20 millions de tonnes, largement en retrait des 30 millions de tonnes produites avant le conflit. La moisson en Europe est également en baisse. Les fonds financiers ont par ailleurs repris leur activité, amplifiant la baisse du marché du blé.
Néanmoins, les premiers rendements du blé russe sont meilleurs qu’attendu, et les récoltes précoces sur le bassin de la mer Noire comme aux États-Unis ont ramené des volumes sur le marché. Les prévisions de stocks de blé chez les huit principaux exportateurs sont remontées à 58 millions de tonnes, estime Argus Media.
Ainsi, si les fondamentaux restent assez tendus à l’échelle de la campagne. À court terme, « c’est l’afflux de marchandises des États-Unis et de la Russie, la demande jusqu’à présent moribonde, et l’offre plus importante qui comptent », souligne Sébastien Poncelet, d’Argus Media.
Le maïs est un leste qui empêche le blé de décoller
En parallèle des tensions sur le blé, le bilan mondial du maïs est, quant à lui, lourd. La situation est « très confortable » au niveau des grands exportateurs de maïs, relève Sébastien Poncelet, notamment aux États-Unis où les semis ont eu lieu dans les temps, suivis d’excellentes conditions de floraison.
« Quand le marché du blé est tendu, la demande est rationnée, en particulier en alimentation animale, par la substitution entre blé et maïs, poursuit-il. Cette année, l’abondance de maïs sera un frein à l’explosion des prix du blé. »
Le potentiel de prix du blé mondial est certes haussier, mais il reste modéré par les perspectives confortables en maïs.
Le blé français n'est pas assez compétitif par rapport à la mer Noire
Alors que les chantiers de récolte sont bien engagés en France, la collecte s’annonce mauvaise. « On ne sait pas encore à combien elle s’établira. Le consensus du marché est autour de 26 à 27 millions de tonnes », indique Sébastien Poncelet. Même avec un recul de 10 millions de tonnes de la récolte française, comparativement à sa production habituelle de 35 à 37 millions de tonnes, « il faudra quand même exporter environ 5 millions de tonnes de blé vers les pays tiers », anticipe le spécialiste.
Or sur le marché international, la concurrence de la mer Noire est forte, avec des niveaux de prix « 20 à 25 $/t plus bas que le blé français ». « On peut penser que la mauvaise récolte fera monter les prix, mais le blé français n'est pas assez compétitif. La petite moisson est déjà en partie intégrée dans les prix », estime l’expert. Reste à surveiller si la chute de production de blé en Europe de l’Ouest s’aggrave encore au point d’en faire remonter les prix mer Noire.