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Le prix des céréales reste en berne

Les marchés céréaliers se stabilisent, explique Argus Media le 26 juillet 2024.

La récolte progresse sur l’ouest du continent européen et les déceptions quantitatives et qualitatives attendues se confirment. Les prémices d’une récolte de blé en France inférieure à 2016 sont désormais une réalité.

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Néanmoins, entre des conditions de culture jusqu’à maintenant optimales en maïs aux États-Unis et la compétitivité des prix du blé en mer Noire sur les débouchés à l’exportation, les marchés céréaliers se stabilisent, explique Argus Media dans son analyse agricole hebdomadaire publiée le vendredi 26 juillet 2024.

La volatilité sur le marché du colza est nettement plus importante, ajoute-t-elle. Le Canada est victime depuis plusieurs jours d’une vague de chaleur qui fragilise l’équilibre du bilan mondial en graine de colza.

Des rendements toujours décevants en France

Le marché du blé trouve de la stabilité depuis un mois dans la zone située entre 215 et 225 euros par tonne (€/t) en base juillet rendu Rouen. Les opérateurs ont aujourd’hui les yeux rivés vers la progression des récoltes de blé tendre à travers l’hémisphère Nord. En France, les moissons sont avancées à hauteur de 41 % au 22 juillet mais les pluies régulières de cette semaine ne permettent pas une avancée significative.

De plus, les régions productrices du nord et de l’ouest de la France sont peu avancées et il resterait 2,46 millions d’hectares à récolter à l’échelle nationale sur les 4,24 millions d’hectares (Mha) estimés par le gouvernement. Il est encore trop tôt pour donner une estimation précise mais les potentiels de production sont progressivement revus à la baisse et le scénario d’une récolte française bien plus faible que les 27,6 millions de tonnes de 2016 est désormais acquis.

Les volumes disponibles à l’exportation seront ainsi limités et la situation est similaire sur l’ouest et le nord de l’Europe, notamment en Allemagne. La Commission européenne a revu cette semaine à la baisse la production de blé tendre au sein de l’Union européenne de 1,1 million de tonnes (Mt), à 120,8 millions de tonnes.

Dans le même temps, les regards se tournent du côté de la région de la mer Noire. La production russe, un temps estimée en dessous de 80 millions de tonnes, pourrait finalement se situer entre 83 et 84 millions de tonnes selon les analystes locaux, tout de même en baisse par rapport à l’an passé (93 millions de tonnes). L’arrivée de ces volumes a permis aux exportateurs russes de se positionner sur les derniers appels d’offres de l’Algérie et de l’Égypte.

Le dynamisme de la demande des principaux pays importateurs sera à suivre mais la compétitivité des origines russe, ukrainienne, roumaine et bulgare vient pour le moment limiter le potentiel de hausse des prix du blé français.

Vague de chaleur attendue sur l’ouest de la Corn Belt

Les prix du maïs se redressent depuis plusieurs semaines, s’affichant en hausse hebdomadaire de 3 euros par tonne pour revenir à 208 euros par tonne en base juillet rendu Bordeaux. Il faut dire que la période de floraison sur les maïs à travers l’hémisphère Nord apporte son lot de volatilité sur les cours.

Tout d’abord, les conditions très sèches et chaudes depuis le mois de juin dans l’est de l’Europe perturbent le développement des cultures. À l’heure où la Roumanie, la Bulgarie et la Hongrie représentent plus de 30 % de la production au sein de l’Union européenne, il devient de plus en plus difficile de produire du maïs non irrigué dans ces régions et les estimations sont d’ores et déjà revues à la baisse.

De plus, ces conditions s’étendent également vers l’Ukraine et les volumes disponibles à l’exportation de ce pays s’amenuisent progressivement, estimés à 24 millions de tonnes en nouvelle campagne, contre 28 millions de tonnes l’an passé. Si les perspectives sont plus limitées, les regards seront plus insistants du côté des États-Unis, où les conditions sont jusqu’à maintenant optimales. À ce jour, 67 % des surfaces sont notées en bonnes ou excellentes conditions mais les températures proches de 40°C attendues sur la partie ouest de la Corn Belt posent quelques questions. À l’heure où le marché a perdu une grande partie de sa prime de risque climatique, la volatilité pourrait refaire son apparition dans les prochains jours, avec des fonds d’investissement de retour à l’achat cette semaine.

Les potentiels de production en Ukraine et aux États-Unis seront déterminants pour l’évolution des cours tandis que le développement des cultures rassure en France, avec 82 % des surfaces en bonnes ou excellentes conditions. À plus long terme, le dynamisme de la demande et la compétitivité du maïs au sein du complexe fourrager seront à suivre, à l’heure où d’importantes disponibilités de blé et d’orge fourragère arrivent sur le marché en Europe.

Les perspectives de production de canola au Canada se dégradent

L’importante variation de prix hebdomadaire de la graine de colza démontre une nouvelle fois les incertitudes qui planent sur l’approvisionnement mondial des matières premières. Les menaces sur la production canadienne ont poussé une nouvelle fois la graine de colza Fob Moselle à tester sans le dépasser le seuil psychologique des 500 euros par tonne avant de se replier à 488 euros par tonne.

Si depuis les semis le Canada témoigne de conditions de cultures optimales, la vague de chaleur et la sécheresse qui sévissent depuis plusieurs jours à la frontière avec les États-Unis deviennent une réelle menace. Le rapport du 25 juillet de l’État du Saskatchewan en témoigne puisque les cultures jugées dans un état bon à excellent cèdent 14 points pour atteindre 68 %. Ainsi, le doute s’installe sur la capacité du Canada à produire plus de 20 millions de tonnes de graine de canola.

La répercussion est immédiate sur les prix en Europe qui compte sur des exportations canadiennes pour équilibrer leur bilan. Les perspectives de production européenne en graine de colza tendent à passer sous les 19 millions de tonnes, ce qui impliquerait un besoin à l’importation supérieur à 7 millions de tonnes en provenance du Canada, de l’Ukraine et de l’Australie à plus long terme. La récolte avance timidement en France et en Allemagne au rythme des pluies régulières. Malgré ces menaces sur les disponibilités en graine, l’huile de colza à Rotterdam ne parvient plus à progresser et retrouve même des prix inférieurs à 1 000 euros par tonne.

Rebond des tourteaux sur les plus bas depuis novembre 2021

Après une chute de plus de 60 euros par tonne, le tourteau de soja délivré Montoir sur le contrat spot rebondit sur le support des 400 euros par tonne pour atteindre 409 euros par tonne.

L’arrivée d’une vague de chaleur sur les États de l’ouest de la Soy Belt aux États-Unis apporte quelques inquiétudes sur la future récolte. Jugés à 68 % dans un état bon à excellent lors de la dernière publication de l’USDA de ce lundi 22 juillet 2024, les indicateurs sont pour le moment au vert. Cette notation dépasse de 14 points celle de l’année dernière à cette date et de 9 points celle de la moyenne sur cinq ans.

Le ministère de l’Agriculture américain a même reconduit dans son rapport mensuel de juillet son estimation de 52 boisseaux par acre pour les rendements de la récolte de 2024, soit un record historique pour les États-Unis. Cette perspective pourrait donc être remise en question dans les semaines qui viennent au gré des aléas météorologiques. Ces menaces sur la graine de soja se répercutent donc sur les prix de ses produits issus dont les tourteaux font partie.

Toutefois, les industries profitent toujours d’un bon approvisionnement en matière première. Aux États-Unis, le débouché de la trituration pourrait consommer un volume record de plus de 63 millions de tonnes de graines au cours de la campagne de 2023-2024.

À plus long terme, la situation américaine pourrait être perturbée par des facteurs géopolitiques. Donald Trump est annoncé comme favori pour la prochaine élection présidentielle de novembre prochain. Dans ce cas échéant, les relations diplomatiques pourraient se tendre avec les deux principaux acheteurs américains que sont le Mexique et la Chine.

(1) Argus Media, société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières, nous livre son analyse agricole hebdomadaire.

À suivre : avancée des récoltes françaises et européennes ; vague de chaleur menaçant le soja, le canola et les céréales de printemps nord-américaines ; évolution de la demande de blé chez les principaux importateurs ; rythme des exportations de soja américain ; rythme des importations de colza et canola en Europe ; évolution de la parité euro/dollar.

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