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Les prix des céréales restent très volatils

« Entre juillet 2023 et février 2024, il y a eu 8 millions de tonnes de maïs et 4,4 de blé tendre importées de l'Ukraine vers l'Union européenne, a précisé Clémence Lenoir, chargée d’études économiques pour les grandes cultures chez FranceAgriMer. 76 % du blé et 43 % du maïs sont orientés vers l’Espagne. »

FranceAgriMer a présenté jeudi 16 mai 2024 l’évolution des marchés céréaliers au niveau mondial, européen et français. Il a aussi fait part des nouvelles prévisions pour la campagne de commercialisation des céréales françaises de 2023-2024.

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« Au niveau mondial, les prix des produits agricoles sont toujours nettement au-dessus de leur moyenne quinquennale pré-Covid. Du côté des prix des principales céréales, le paysage est celui d’une hausse significative. Ils restent toutefois inférieurs à ceux de la campagne précédente », a indiqué Marc Zribi, chef de l’unité des grains et du sucre chez FranceAgriMer, le jeudi 16 mai 2024 au cours de la conférence de presse sur la situation internationale des marchés céréaliers.

Inquiétudes météorologiques en Russie

Au sujet des cours sur Euronext, Clémence Lenoir, chargée d’études économiques pour les grandes cultures chez FranceAgriMer, a par ailleurs observé qu’il y avait beaucoup de volatilité en raison notamment des inquiétudes météorologiques en Russie qui ont tiré à la hausse les prix du blé meunier.

« Ainsi, le rapproché s’est établi lundi dernier à 258,75 €/t, soit des prix plus atteint depuis l’automne 2023. Si l’augmentation est moindre concernant le maïs, les prix restent malgré tout très volatils et ont retrouvé des niveaux là encore plus vus depuis plusieurs mois. Mercredi [le 15 mai], ils s’établissaient à 213,25 €/t. »

Dans l’attente de La Niña

Si la production mondiale de blés (y compris blé dur) pour 2024-2025 est attendue en hausse, selon les dernières estimations de l’USDA, à 798 millions de tonnes, Marc Zribi a considéré que « compte tenu de l’arrivée du phénomène La Niña, il s’agit de prévisions encore fragiles à ce stade de l’année ».

Du côté du maïs, la récolte mondiale pour 2023-2024 a été corrigée à la baisse à 1,220 milliard de tonnes. « On peut toutefois estimer que cette révision de l’USDA reste trop prudente par rapport aux estimations qui prévalent chez les différents analystes et observateurs de marché », a-t-il de plus jugé.

La BCBA (Bourse de commerce de Buenos Aires) en Argentine prévoit en effet une production de 46,5 millions de tonnes, contre 53 millions de tonnes, selon l’USDA. Quant au Conab (Compagnie nationale d’approvisionnement au Brésil), il mise sur une production brésilienne de 111 millions de tonnes alors que le ministère de l’Agriculture américain prévoit 122 millions de tonnes. Les prévisions de production mondiale pourraient donc être affinées dans les mois à venir.

Baisse des exportations de la mer Noire en 2024-2025

Au 13 mai 2024, la production de blé en Ukraine pour 2023-2024 est estimée par l’UAC (Ukrainian Agri Council) à 21,5 millions de tonnes et les exportations à 17 millions de tonnes. « À ce stade, 15,7 millions de tonnes ont déjà été exportées, ajoute Marc Zribi. Il s’agit d’un rythme très soutenu avec des niveaux supérieurs à la moyenne quinquennale. Les exportations de blé sont attendues en baisse pour 2024-2025, à 14,5 millions de tonnes. » En 2024-2025 toujours, la récolte reculerait à 21,4 millions de tonnes. Les mêmes tendances sont observées pour le maïs.

Les ventes de blé de la Russie à l’étranger ont également été très importantes, dépassant parfois 6 millions de tonnes par mois. Avec au total 41 millions de tonnes réalisées sur 2023-2024, il resterait encore 10 millions de tonnes à exporter. « Pour autant, le paysage pur 2024-2025 risque d’être un peu différent quant à la présence russe sur les marchés même si elle restera très importante », a précisé l’expert. Les exportations sont évaluées par l’UAC à 45 millions de tonnes pour 2024-2025.

En février 2024, les importations européennes en provenance de l’Ukraine (chiffres retraités par Eurostat) ont atteint un peu plus de 2 millions de tonnes de céréales dont 576 000 tonnes de blé tendre (–26 % par rapport aux chiffres de janvier) et 1,4 million de tonnes de maïs (–7 %).

« Entre juillet 2023 et février 2024, il y a eu 8 millions de tonnes de mais importés et 4,4 millions de tonnes de blé tendre, a complété Clémence Lenoir. 76 % du blé est à destination de l’Espagne, 8 % de l’Italie et 6 % de la Grèce. Alors que du côté du maïs, 43 % sont orientés vers l’Espagne, 15 % vers les Pays-Bas et 13 % vers l’Italie. »

Bilans français des blés pour mai

Le bilan français des marchés céréaliers a été élaboré en réunions d’experts le mercredi 15 mai 2024 et validé le lendemain en conseil spécialisé. Maria Gras, adjointe au chef de l’unité des grains et du sucre de FranceAgriMer, a noté une révision à la baisse pour la campagne de 2023-2024 de blé tendre de 120 000 tonnes pour l’amidonnerie (sur la base du réalisé à 9 mois) mais aussi une diminution de 70 000 tonnes pour la fabrication d’aliments du bétail, du fait de la hausse des prix du blé.

En revanche, le poste des exportations de grains est en hausse de 15 000 tonnes. Il résulte d’une hausse de 50 000 tonnes vers le Royaume-Uni et d’une baisse de 35 000 tonnes vers l'Europe, notamment les Pays-Bas et l’Irlande. En global, le prévisionnel de mai 2024 montre un stock final alourdi de 151 000 tonnes à 3,9 millions de tonnes.

La collecte prévisionnelle de blé dur est en hausse de 27 000 tonnes et s’établit à 1,220 million de tonnes. Le poste de l'ajustement a été de nouveau augmenté de 20 000 tonnes ce mois-ci. « En effet, la production de blé dur étant plus faible que d’autres espèces, les utilisations sont moins bien documentées, et nécessite de fait un ajustement des disponibilités par rapport à la mise en cohérence avec le stock final qui s’établit à 119 000 tonnes », explique Maria Gras.

« Au niveau des utilisations, c’est le poste des exportation de grains qu’il faut mettre en avant avec 40 000 tonnes de plus que le mois précédent dont 35 000 tonnes à destination de l’Union européenne (en particulier l'Espagne, l'Italie, les Pays-Bas et la Belgique), poursuit-elle. Le stock final est à la hausse de 7 000 tonnes par rapport mois précédent, mais toujours attendu très tendu pour 2023-2024. »

Campagne de 2023-2024 en orge et maïs

Pour l’orge, le bilan prévisionnel de 2023-2024 abouti à une collecte prévisionnelle française en baisse de 34 000 tonnes. Les importations restent identiques. Le poste des exportations est positif avec une différenciation entre les pays tiers et, en particulier, une révision de +100 000 tonnes vers la Chine, tandis que les ventes vers l’Union européenne sont en baisse de 48 000 tonnes (notamment l’Espagne). On note donc une légère baisse de 86 000 tonnes du stock final.

La collecte prévisionnelle de maïs est en hausse de 37 000 tonnes pour 2023-2024 en France. Et les importations n’ont pas bougé. « Le poste de l'amidonnerie a été revu à la baisse de 20 000 tonnes au vu de la conjoncture économique, ce débouché étant moins important », a fait savoir Maria Gras.

Au niveau des utilisations, les exportations de grains ont été révisées à la hausse de 76 000 tonnes comparativement au mois dernier. Elles correspondent à des exportations vers l’Europe du Sud. Le stock final s’établit donc à 2,271 millions de tonnes, en baisse de 65 000 tonnes par rapport au mois dernier.

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