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Blés et maïs de la mer Noire concurrencent les céréales françaises

En blé et en maïs, les exportations mensuelles ukrainiennes retrouvent de très bons niveaux grâce au corridor maritime.

Les prix européens des céréales sont tirés à la baisse par l’Ukraine, qui renoue avec un bon rythme d’exportation, et par la Russie qui maintient elle aussi la pression.

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Selon UkrAgroConsult, l’Ukraine devrait exporter 14,3 millions de tonnes de blé en 2023-2024, sur une production de 21,4 millions de tonnes. Les expéditions mensuelles du pays se redressent et se rapprochent des plus hautes valeurs enregistrées ces cinq dernières années. « Les exportations mensuelles de maïs s’inscrivent aussi à de très bons niveaux par rapport aux années précédentes », précise Marc Zribi, chef de l’unité des grains et du sucre de FranceAgriMer à l’issue du conseil spécialisé des grandes cultures de l’organisme le 14 février 2024. Les exportations de maïs sont estimées à 23 millions de tonnes.

Bon fonctionnement du corridor en mer Noire

« Cela s’explique par le bon fonctionnement depuis octobre 2023 du nouveau corridor humanitaire mis en place par les autorités ukrainiennes, commente Marc Zribi. La navigation maritime a quasiment repris à plein régime au départ des ports maritimes de la région d’Odessa. Les exportations qui passent par les voies fluviales, terrestre et ferroviaire sont en recul. »

Dans ce contexte, des tensions importantes se font sentir à la frontière polono-ukrainienne. Marc Zribi évoque les blocages d’agriculteurs aux frontières « pour exiger de l’Ukraine une meilleure traçabilité des restrictions aux importations d’Ukraine ». « Le marché attend en mars 2024 les résultats du vote du comité international du Parlement européen pour prolonger les mesures commerciales autonomes », précise l’expert.

En Russie, des volumes de blé « considérables »

Du côté de la Russie, les niveaux d’exportation de blé sont « considérables », estimés à 50 millions de tonnes par UkrAgroConsult. Le pays continuera à exercer « une pression significative sur les marchés internationaux en seconde partie de campagne », juge Marc Zribi. Il reste au pays environ 20 millions de tonnes à exporter d’ici à la prochaine récolte. « Même si le gap de prix entre les origines France et russe est relativement réduit, la présence russe est massive compte tenu des volumes exportables », indique-t-il. Les niveaux de prix russes sont « parmi les plus bas du marché en dehors de l’Ukraine ».

Il pointe globalement « une pression russe pour conforter ses positions sur les marchés internationaux. » FranceAgriMer souligne notamment la signature d’un accord de libre-échange entre l’Union économique eurasiatique (UEEA, qui regroupe la Russie, la Biélorussie, le Kazakhstan, l’Arménie et le Kirghizistan) et l’Iran en décembre 2023.

Impact sur les cours européens

Sur Euronext, les cours du blé et du maïs sont à la baisse ces dernières semaines. « On retrouve des niveaux de prix observés à la fin de 2020 et au début de 2021, relève Clémence Lenoir, chargée d’études économiques sur les grandes cultures. Cela s’explique principalement par la compétitivité des origines mer Noire. Les prix européens sont obligés de s’aligner. »

Face à la concurrence de la mer Noire, et principalement des céréales ukrainiennes, FranceAgriMer a révisé à la baisse de 250 000 tonnes son estimation d’exportation de blé tendre vers les pays de l’Union européennes, à 6,3 millions de tonnes. La présence de l’Ukraine sur les marchés de l’Espagne et de l’Italie est particulièrement marquée.

Pour autant, les exportations françaises de blé tendre vers les pays tiers ont été révisées à la hausse (+150 000 tonnes, à 10,25 millions de tonnes). « Le mois de décembre a été assez dynamique, le mois de janvier prometteur et les perspectives sont positives sur le Maroc principalement », estime Adèle Dridi, chargée d’études économiques sur les céréales chez FranceAgriMer.

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